[México] Détention illégitime de Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes

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Depuis ce jeudi 28 mars, Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes, ont été placés en détention sans raison légitime.

Au Mexique, la détention politique est un fait quotidien, une punition, un moyen de pression sur les familles, les communautés ou les organisations. Il est fréquent que l’enfermement ne dure pas plus d’une journée. Ce moyen de terreur n’est bien entendu pas pratiqué envers ceux qui vivent de la corruption ou de la domination, non, ceux-ci connaissent gloire, succès et richesse, ceux qui sont affectés par cet abus de justice sont ceux qui osent élever la voix, revendiquer et réclamer droits, dénoncer des injustices et des crimes. Oaxaca, Chiapas, Guerrero sont les zones les plus touchées par ce fléau carcéral.

En 2006, à Juchitán, dans la vallée de Oaxaca, naît Radio Totopo, pionnière des médias libres communautaires et représentant le peuple mexicain. Pour répondre à cette création, les autorités ne sortiront pas les costumes du dimanche pour son inauguration mais placeront en détention Carlos Sánchez, colonne vertébral du projet et fervent défenseur de son peuple, luttant contre les violences et les décisions arbitraires prisent contre les paysans et les indigènes de la province de Oaxaca.

Et voilà qu’aujourd’hui deux nouveaux compañeros subissent le même sort toujours à Oaxaca, accusés à tort d’avoir voler un chauffeur de taxi. Leur incarcération s’est faite sans une seule explication, de manière totalement arbitraire, sous la contestation de leurs voisins et dans une grande violence : David Venegas Reyes est frappé au visage, dos et à la poitrine par un agent durant le trajet jusqu’à la maison d’arrêt, puis, une fois sur place il est de nouveau victime de coups portés au visage et dans l’estomac.

Les deux compañeros sont ensuite séparés et transférés dans des centres de détention différents. C’est alors, le 29 mars, qu’ils seront informés de leur chef d’inculpation à savoir vol aggravé de violence, envers un chauffeur de taxi, qui à la base les avaient agressé pour les voler.

Les autorités, quant à elles, assument leurs accusations, et démentent les violences policières dont ont été victimes les accusés ; les forces de l’ordre sont même allées jusqu’à mentir publiquement quant à l’arrestation des prévenus, affirmant les avoir interpellé en flagrant délit de vol et d’agression envers le chauffeur.

Lors de leur transfert vers le pénitencier central de l’État, les accusations envers David Venegas Reyes s’intensifient, une second chef d’inculpation le rend coupable de violences envers Griselda Gomez Lorenzana et d’autres dirigeants priistes1, lors de la marche du 2 décembre passé contre l’arrivée à la présidence mexicaine de Enrique Peña Nieto, membre du PRI. Ces dernières ont elles-même agressé le prévenu qui lui à répondu aux violences qui lui étaient infligées.

La lutte contre le PRI, est l’une des préoccupation de Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes et de leur organisation. Le PRI assume depuis la révolution mexicaine une politique néolibérale, de privatisation et délocalisation. Le gouvernement agit comme un garrot, défendant les intérêts du PRI, enfermant ou éliminant ses opposants politiques. Depuis 2006, 26 personnes ont été assassinés dans la région de Oaxaca, militants de la section XXII mais aussi habitants de Oaxaca, sous le joug du gouverneur d’État Ulises Ruiz Ortiz, membre bien sûr du PRI.

Le 30 mars, pendant l’inspection, ou plutôt humiliation, quotidienne, les prévenus et les autres détenus ont été entièrement dénudés et ont subit un touché rectal pour une vérification, au cas où certains y cacheraient des stupéfiants. Drogues qui comme par enchantement se trouvaient dans leur cellule là où les seuls objets qu’ils possédaient étaient du papier hygiénique et un livre.

Depuis, il ne leur est plus permit de sortir de leur cellule si ce n’est que deux fois par jour pour se laver et aller aux toilettes.

Le 31 mars, les accusés ont été placés au pénitencier de Oaxaca à Santa María Ixcotel, mais au lieu d’intégrer l’aire de réclusion préventive, les autorités les ont placé dans l’aire des « séjours longue durée ».

Il est tant de réagir face à cette répression que subissent les habitants de la province de Oaxaca, ce même peuple qui durant 500 ans n’a cessé de résister, les inculpés lancent aujourd’hui un appel urgent à la fraternité à toutes les personnes ou organisations qui partagent cette envie de justice, un appel amenant à se solidariser activement pour se libérer physiquement. D’autant plus que les dirigeants sont certains que le mouvement se fragilise et est incapable de se rebeller contre le pouvoir en place.

Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes lancent également un autre appelvaux organisations défendant les droits de l’Homme, vis à vis des conditions carcérale du pénitencier de Santa Maria Ixcotel de Oaxaca. Ils ne demandent aucun traitement de faveur, ni privilèges mais exigent l’arrêt des humiliations qu’ils endurent. Ils se sentent prêt à affronter les accusations du gouvernement et à lutter contre la répression exercée par les priistes sur le peuple et les communautés.


Article ayant pris pour sources le communiqué et appel lancé par Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes depuis leur cellule mais aussi un article relatant de la répression dans les régions de Oaxaca, Chiapas et Guerrero:

http://zapateando.wordpress.com/2013/04/05/presos-por-defender-a-sus-pueblos-su-tierra-la-dignidad-de-oaxaca-y-de-mexico/
http://www.anarkismo.net/article/25260

 


1Le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) est un parti politique social-démocrate, affilié à l’internationale socialiste.

[Guatemala] Début du procès de Efraín Ríos Montt, ancien dictateur

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L’ancien dictateur guatémaltèque, Efraín Ríos Montt, a embauché ce mercredi un nouvel avocat, au second jour de son procès pour génocide durant sont mandat (1982-1983), après que la juge ait expulsé son précédent défenseur. Ce dernier, Francisco García a été contraint de quitté les lieux sous les ordres de la juge l’accusant d’un manque d’éthique et de professionnalisme ayant pour but de retarder l’avancement du procès.

 

 

Efraín Ríos Montt est arrivé au pouvoir le 23 mars 1982, par un coup d’État militaire renversant le gouvernement du Général Fernando Romeo Lucas-García, arrivé alors depuis deux semaines à la tête de l’État guatémaltèque.

 

A la tête d’une junte militaire, Ríos Montt décida de destituer celle-ci, trois mois plus tard, pour s’autoproclamer président de la République, et assumer un régime totalitaire.

 

Alors en pleine Guerre Civile 1, le Guatemala, connu à cette période les pires atrocités de son histoire post-coloniale.

 

Ríos Montt avait pour stratégie de contrôle de sa population, la mise en place des PAC, Patrouilles d’Autodéfense Civile, qui n’était ni plus ni moins que des groupes paramilitaires ayant pour ordres de combattre tout opposants, contestataires envers le gouvernement.

 

Ces «ennemis» n’étaient autre que des groupes guérilleros en guerre contre l’État.

 

Dans les années 1960-1970, ces groupes insurgés se sont réorganisés par l’incorporation à leur lutte des indigènes et des populations rurales. Les populations d’origine maya sont vite excédées par l’oppression quotidienne des propriétaires terriens et de l’armée, sans parler d’un système colonial encore présent, d’un acharnement sans relâche sur leur peuple depuis l’arrivée «libératrice» des espagnols.

 

De ces groupes de guérilla révolutionnaire populaire, s’en distinguent quatre : l’EGP2, l’ORPA3, les FAR4 et le PGT5. En 1981, ces derniers se rassemblent et forment l’Union Revolucionaria Nacional Guatemalteca. L’URNG déclare alors que ses objectifs au sein de la guerre populaire révolutionnaire est la prise de pouvoir et la constitution d’un gouvernement révolutionnaire, patriotique, populaire et démocratique.

 

Le régime de Ríos Montt, effrayé par l’influence politique des groupes guérilleros se lance alors avec l’aide des PAC dans une extermination affolante de la population guatémaltèque : plus de 334 massacres, 19 000 assassinats et disparitions, 100 000 exils dans les pays voisins et 1 000 000 de déplacements au sein du pays au cours des 16 mois de «règne» du dictateur.

 

Les membres des PAC, étaient recrutés parmi la population civile, obligée de participer dans ces groupes paramilitaires. Outre les massacres orchestrés par le gouvernement, Ríos Montt créa le plan «Des balles pour de la nourriture» qui consistaient de pouvoir échanger des armes contre du travail «digne» et un salaire.

 

Le dictateur mit en place d’autres actions qu’il appela «guerre des fusils et des haricots», consistant en une guerre de terreur psychologique incluant la torture et les disparitions, mais aussi en la prise de mesures économiques, en plus du saccage et l’incendie des terres, qui eut pour but d’anéantir toute population qui était ou pouvait être en relation avec la guérilla, la privant ainsi de subsistances primaires.

 

De part le soutien actif de conseillers de guerre de la CIA, Taïwan, Israël ou encore d’Afrique du Sud, Ríos Montt espère pouvoir mettre en place le «plan de sécurité et développement», lui permettant d’appliquer, pour redonner une image positive à son armée, le «plan d’aide aux zones de conflit». Plan envers lequel Washington se montrera particulièrement généreux, mettant un terme sur l’embargo de livraison d’armes.

 

Mais la situation interne du gouvernement de Ríos Montt décline. Il échoue sur ses intentions d’unification du centre et de la droite et il se met à dos ainsi les classes dominantes. De plus, son affiliation avec la secte Église du Verbe, le pousse à retourner dans le schéma colonialiste, se lançant dans une croisade, convertissant de nombreux villages à cette branche sombre du protestantisme évangélique. Une nouvelle guerre sainte est alors sur le point d’éclore.

 

Ainsi, le 8 août 1983, un coup d’État destitue le gouvernement de Ríos Montt ; le Général Oscar Mejía Víctores, son Ministre de la Défense, prend sa place.

 

Le Guatemala passe alors à un autre régime militaire, mais l’ancien dictateur ne se retire pas de la vie politique, en 1985, il est décoré par le Pentagone, en 1994, il est président de la Chambre unicamérale et en 2000, il devient président du Congrès. Ses nombreuses participations aux élections sont empêchées. En 1999, il admettra la participation son gouvernement à deux massacres.

 

 

À 86 ans, Ríos Montt est enfin jugé depuis mardi (19 mars 2013) pour l’exécution de 1 771 indigènes mayas ixiles. Mais l’ancien dictateur refuse d’admettre les faits qui lui sont reprochés, même devant témoins. Lors de ce jugement, le Général José Rodríguez, ex-membre du gouvernement de Ríos Montt est aussi présent au banc des accusés.

 

 

La justice du peuple doit continuer à combattre ces monstres !

 

Plus d’impunité pour les initiateurs de génocide !

 

Aucune complaisance avec les bourreaux du peuple !

 

¡Verdad y Justicia ya !

 

 

 

sources :

http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2013/03/19/104824583-inicia-juicio-por-genocidio-contra-ex-dictador-guatemalteco-rios-montt

 Dante Barrientos Tecún, Amérique Centrale : L’Horreur et L’Espoir – Analyse de la poésie contemporaine.

 

 

 

 

 

1 Guerre qui dura 36 ans et se terminera en Décembre 1996 avec l’établissement d’un traité de paix

 

2 Ejército Guerrillero de los Pobres

 

3 Organzación Revolucionaria del Pueblo en Armas

 

4 Fuerza Armadas Rebeldes

 

5 Partido Guatemalteca del Trabajo

 

Efraín Ríos Montt

[Chile] Verdad y Castigo por Juan Pablo Jiménez

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Le 22 février dernier, Juan Pablo Jiménez, dirigeant syndical de la AZETA, une entreprise sous-traitante de CHILECTA, spécialisée dans l’ingénierie électrique, fut tué d’une balle dans la tête.

Le syndicaliste, également investit dans la Fédération des Travailleurs, devait alors témoigner, dans divers tribunaux et à la Direction du Travail, des abus commis par son entreprise.

Après avoir témoigné, Juan Pablo s’assit pour feuilleter un document syndical. Il fut retrouvé quelques minutes plus tard (à 15h56) mort. Ce fut son collègue, Mario Gutiérrez, qui retrouva le corps inerte du syndicaliste, baignant dans une flaque de sang. Une caméra de surveillance aurait enregistré la scène de meurtre.

Juan Pablo Jiménez a mené un long et difficile processus de négociation collective qui rencontra son apogée en décembre 2012. Son syndicat vota des grèves au sein de l’entreprise AZETA ce qui déplu fortement à la société car selon l’article 369 du Code du Travail, les négociations auraient pu se prolonger encore un an.

Le syndicaliste avait également, entre autres, déjà déposé de nombreuses plaintes contre AZETA pour abus et conditions de sécurité déplorables. En effet, en juin 2012, un des employés, Richard Trincado, avait péri électrocuté au sein de l’entreprise.

Suite à l’assassinat de Juan Pablo, de nombreux ouvriers ont demandé au gouvernement de répliquer de la même manière que pour le cas de la famille Luchsinger.

Des membres de cette famille, propriétaires terriens, furent assassinés à Temuco. L’état chilien mobilisa alors de nombreuses institutions et déployèrent un maximum de moyens pour rechercher les responsables. En moins de 48 heures, la police avait placé en détention des dirigeants mapuches, leur imputant, sans avoir aucune preuve contre eux, la responsabilité du crime commis.

Cette demande légitime se veut également revendicatrice des actes commis par la justice. Une justice qui n’apparaît pas au Chili comme étant égalitaire. Les opprimés restent opprimés et les dominants continuent à dominer.

C’est ici, un exemple flagrant d’un esprit conservateur s’étant construit autour de concepts colonialistes et rappelant quelque peu l’esprit dictatorial du régime Pinochet avec son ambition de chasse aux sorcières ou plutôt de chasse au “gauchiste”. D’autant plus, que dans le cas présent, il s’agit du second décès d’employé de AZETA en moins d’un an, et qui plus est d’un assassinat ciblé envers un syndicaliste trop défenseur du droit des travailleurs.

L’État de droit” au Chili est appliqué et est toujours utilisé par les classes puissantes. Les gouvernements de Frei et Lagos ont toujours eu un intérêt pour ce privilège qui permet aux “Puissants” chiliens une stabilité dans le pouvoir qu’ils exercent. Il permet d’avoir ce que l’on mérite, selon ces derniers. Cette conception capitaliste permet aux riches d’avoir une sécurité juridique, économique et policière pour maintenir leurs richesses. Pour les pauvres, c’est tout autre chose, une répression et de lourdes peines afin qu’ils ne se soulèvent pas pour demander justice et de meilleurs salaires.

N’allant pas sans rappeler la loi du “Point Final”, mise en place par le Président argentin Menem dans les années 90, permettant l’impunité des responsables de la dictature, cet “État de droit” ou “Raison d’État” a permis par le passé la non condamnation du fils de Pinochet. De la même manière, le passé du dénommé Horst Paulmann fut ignoré lors de sa nationalisation. Ce nazi a pu l’obtenir “grâce à son immense contribution envers le Chili”. Mais Paulmann a pour grand loisir la destruction de syndicats, de pratiques sociales allant à l’encontre de ses convictions et se soustraire au paiement de ses impôts. Il est vrai que ce nostalgique du IIIème Reich mérite effectivement un traitement de faveur aux vues de ses convictions et pratiques !

Au Chili, les lois sur le travail sont conçues selon le point de vue des patrons et ne s’adaptent pas aux employés. Les lois concernant la sous-traitance permettent à des entreprises comme AZETA, de répondre aux mêmes stratégies que les multinationales pour baisser le coût de production, en précarisant les emplois et baissant au maximum les salaires.

Les religions, en particulier la religion catholique, ne cesse de marteler les cerveaux de ses ouailles, sous la propagande : « Nous sommes tous égaux, tous les enfants chéris de Dieu ».

Mais comment est-il possible en toute connaissance de cause de revendiquer de tels propos ?

Les démunis ne sont pas dupes, malheureusement la terreur que continue à diffuser l’État chilien garde des allures de régime totalitaire.

Quand serons-nous débarrassés du colonialisme ? Les méthodes occidentales cesseront-elles d’opérer après des années d’asservissement des populations ? Les piliers du gouvernement sont-ils trop infectés pour y reconstruire un modèle social juste, sain et égalitaire ? Faut-il tout briser ? Ou peut être… Une Révolution doit-elle se mettre en marche ?

Autant de questions rhétoriques qui ne laissent alors aucun doute possible

Sources : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=165108 http://www.anarkismo.net/article/24969