[Perú] La Matanza de Accomarca

Voilà plusieurs semaines que se poursuit le procès du sous-lieutenant Telmo Ricardo Hurtado Hurtado au Pérou pour sa participation au massacre de Accomarca.

Le 17 mai 1980, le gouvernement péruvien réplique face à la montée fulgurante de deux groupes, considérés comme terroristes, le Sentier Lumineux (Partido Comunista del Perú – Sendero Luminoso) et le Mouvement Révolutionnaire de Tupac Amaru (Movimiento Revolucionario de Tupac Amaru). Ainsi, débute le conflit armé péruvien.

Le PCP – SL fondé en 1970 par Abimael Guzmán Reynoso se veut être un groupe révolutionnaire aux influences marxistes, léninistes et par dessus tout maoïste. Il aura pour but de vouloir remplacer les institutions bourgeoises péruviennes par un régime révolutionnaire paysan communiste à travers le concept maoïste de Nouvelle Démocratie. Il fera près de 70 000 victimes.

Le MRTA est fondé en 1984 sous des influences marxistes et léninistes mais aussi d’autres guérillas latino-américaines.

Selon le Mouvement HOmosexuel de Lima (Movimiento HOmosexual de Lima), les deux organisations auraient fait près de 500 victimes appartenant à des minorités sexuelles.

Le 14 août 1985, deux semaines avant la présidence officielle de Alan García, 25 soldats débarquèrent à Llocllapampa, dans la province de Accomarca. Cet escadron mandaté par le futur gouvernement, était alors dirigé par le sous-lieutenant Telmo Ricardo Hurtado Hurtado et le lieutenant Juan Rivera Rondón. Le « Plan Operativo Huancayoc » avait été mis en place à des fins anti-subversives pour la destruction de entités terroristes qu’étaient le PCP-SL et le MRTA.

Selon l’armée, Llocllapampa était considérée comme étant la base du Sentier Lumineux, supposition qui fut démentie par la suite.

Les 25 hommes sous le commandement de Telmo Hurtado, appelé également « le monstre de Accomarca » ou « le Boucher des Andes », et de Juan Rondón réunirent tous les habitants du village sur la place principale. Séparèrent les hommes, les femmes et les enfants. Ils violèrent toutes les femmes; fusillèrent, ensuite, l’ensemble de la population; puis, provoquèrent des explosions à la grenade et enfin incendièrent les maisons où ils prirent auparavant le soin d’enfermer les morts et les blessés. Au total le massacre engendra officiellement 69 victimes dont 30 enfants, 27 femmes et 12 hommes.

Plusieurs témoins du massacre furent également assassinés les semaines qui suivirent la funeste opération.

Telmo Hurtado et Juan Rondón ne furent pas condamnés immédiatement pour ce massacre.

Le premier fut d’abord accusé en février 1993 pour abus d’autorité et faux témoignage, ce qui lui valu une peine de 6 ans de prison. Mais il fut absout, avec ses camarades, des charges pour homicide, négligence et désobéissance.

En 1995, sous la dictature de Alberto Fujimori, une loi d’amnistie fut créée. Elle permit d’annuler la condamnation du boucher des Andes. De plus, il reçu quatre décorations de la part du régime totalitaire et monta en grade.

Deux ans après la chute de la dictature, en 2002, la Cour Inter-américaine des Droits de l’Homme ouvrit le procès du massacre de Accomarca et révoqua l’amnistie de Telmo Hurtado.

Ce dernier a fui illégalement vers les États-Unis où il fut arrêté en 2006 à Miami.

Depuis son extradition en 2011 vers le Pérou, le procès a été réouvert.

Aujourd’hui, il accuse Juan Rondón d’avoir participé activement au massacre : « Je suis responsable de la mort de 31 personnes ; tu as dû tué le reste, tu as brûlé leurs maisons. Nous avons participé tous les deux à l’opération ».

Bien entendu le supérieur de Hurtado dément les accusations et lui recommande même de « plutôt écrire une fiction ».

L’avocat de la partie civile, Carlos Rivera, déclarera que cette confrontation entre Hurtado et Rondón aura tout de même contribué a éclaircir l’enquête qu’aux responsables du massacre.

Demain, une autre audience confrontera Hurtado à trois autres membres de la patrouille chargée du massacre… Affaire à suivre …

source : http://www.larepublica.pe/21-09-2012/tu-tambien-mataste-dijo-hurtado-rivera-rondon