[Chile] Manifestations du 26 juin à Santiago

Ceci est un compte-rendu fait à partir de ce que nous avons pu voir dans les rues le mercredi 26 juin, c’est donc loin d’être exhaustif car il y avait trois manifestations simultanées et plusieurs lycées attaqués la nuit, nous n’avons pas pu être partout.

L’animation a commencé dès 07 heures du matin à divers points de la capitale, se matérialisant par des barricades érigées  devant les universités et les lycées. Comme d’habitude l’Utem et la Usach, les deux universités les plus combatives, n’ont pas été en reste.

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Feu aux prisons avec les matons dedans. Mémoire et subversion.

La manifestation commençait à 13h, mais des heures avant le centre ville était quadrillé de flics, et des jeunes jugés suspects ou qui n’avaient pas leurs papiers sur eux étaient arrêtés en prévention.

On pouvait aussi voir des hélicoptères voler au dessus de la manif, et un œil observateur pouvait déceler sur certains toits de la Alameda d’étranges photographes ou cameramans, flics ou journalistes (la même chose), malheureusement suffisamment hauts pour être hors d’atteinte des manifestants.

À 13h il y avait trois manifestations simultanées qui devaient se retrouver toutes à un même point, la place de Los Heroes. On compte plus de 100 000 personnes qui auraient assisté à la manifestation, qui n’était pas uniquement des étudiants, puisqu’il y avait plusieurs revendications, étudiantes, mais aussi laborales, ainsi que des revendications par rapport aux lois liberticides que l’État chilien s’apprête à nous sortir, entre autre la loi qui punit toute insulte sur les flics, et la loi Hinzpeter, qui parmi d’autres choses interdira le port de la capucha (la cagoule faite avec un tee-shirt)

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Sur la place de Los Heroes une partie de la manifestation a du remonter l’Alameda en direction de Republica, c’est à dire faire en sens inverse le parcours de la manif qui partait de la Usach, car les huanacos (canons à eau) et les flics à pied essayaient de mettre un terme aux attaques sur des magasins et signalétiques présents sur le parcours (À ce sujet, il est intéressant de voir qu’il y a plusieurs carrefours du centre ville qui n’ont plus du tout de feux, et que la circulation n’en est pas bouleversée, et même, les voitures font plus attention aux piétons que d’habitude). À noter plusieurs minutes de balais entre un escadron de flics et des jeunes cagoulés dans une rue adjacente à Los Heroes.

Et à un certain moment des centaines de personnes se sont retrouvées prises en tenaille entre plusieurs canons à eau, ce qui n’a pas terni la motivation des manifestants trempés sous une température de fin d’automne.

De ceux qui se sont dirigés vers Republica certains, des lycéens, ont monté des barricades devant leurs lycées présents dans le quartier, et on fait des salidas (tirer des cocktails ou des pierres, ou des chaises, ou autre, devant les lycées ou facs sur les flics), d’autres sont restés à combattre les flics sur l’Alameda, et une partie est allée se réfugier dans l’enceinte de la Usach, actuellement bloquée. Toute la journée il y a eu des affrontements sur le parvis de la Usach, les flics utilisant les canons à eau et tirant de nombreuses lacrymos, les gens depuis l’intérieur ou devant les grilles du campus tirant sur les flics tout ce qu’il leur passait sous la main. À noter un grand feu allumé qui aura servi à réchauffer les nombreux-ses qui s’était fait tremper par le huanaco, et qui a servi aussi à nettoyer l’air de la lacrymogène. Jusqu’à la tombée de la nuit et probablement plus tard il y a eu des affrontements à la Usach.

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défense de la Usach

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devant l’entrée de la Usach

À 19h à plusieurs endroits du centre étaient aussi organisés des cacerolazos, qui se sont soldés eux aussi par des violences policières, et l’usage du huanaco. Pendant plusieurs heures autour de la place Italia il y a eu une sorte de trappe trappe entre flics et gais lurons armés de cuillères et de casseroles. À noter quelques barricades montées par certains « musiciens », notamment une devant l’université de Chile sur la Alameda, bloquant le transit pendant plusieurs minutes, avant d’être éteinte par le huanaco.

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feu de joie devant l’Aplica

L’animation dans la capitale ne s’en est pas arrêtée là. Dans la soirée il y a eu une déclaration du gouvernement disant que dans la nuit les lycées bloqués qui sont censés être des lieux de vote pour les élections de dimanche allaient être expulsés. Malheureusement il y a eu peu de soutien devant les lycées, certains ont été dégagés par la force, d’autres comme l’Aplica ou Dario Salas, ont décidé de partir d’eux-même, non sans emmerder au maximum les flics, allant jusqu’à les bluffer, pour Dario Salas, attaqué vers 04:30 du matin, où les jeunes se sont échappés par une porte à l’arrière, ou à les ridiculiser pour l’Aplica, attaqué un peu après 03h du matin, où les lycéens ont sorti chaises, tables et tableau, dans la rue du lycée, allumé un grand feu, et se sont assis comme dans une salle de classe, invitant les flics à les rejoindre pour s’instruire. À part un coup de canon à eau qui a servi à éteindre le feu de joie allumé devant la classe improvisée, les flics ont finalement décidé de n’arrêter personne dans ce lycée puisqu’ils venaient pour débloquer le lycée, qui était déjà débloqué. Le scénario sera différent à Dario Salas, car lorsque les flics se sont rendu compte que le lycée était vide, ils ont lancé les motards aux trousses des lycéens, et deux jeunes ont été renversés.

Au total la journée se sera soldé par plus d’une centaine d’arrestations pour les manifestations de l’après-midi, et 150 pour les quelques 22 lycées débloqués la nuit du 26 au 27.

Espérons que ces événements soient les prémices d’un mouvement plus important qu’en 2011, et que les revendications des étudiants dépassent les demandes réformistes de l’éducation gratuite. De fait il n’y a rien à demander à l’État.

Et si l’État par le biais de la presse parle de délinquants, pensant insulter ceux qui agissent dans la rue, assumons ce mot, oui nous sommes des délinquants, et oui notre but est de détruire l’État et ce qui le représente. Qu’à chaque manif il y ait des banques, des ministères, des comicos, des caméras et des journalistes attaqués. Et manifestons notre rage aussi dans les quartiers bourgeois, là où l’opulence dégoûtante règne. Que la peur change de camps !

Que des feux de joie embrasent les barricades
et  réchauffent l’hiver de Santiasko !

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[Argentina] Action solidaire dans le centre-ville de Buenos Aires

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Le jeudi 18, nous avons attaqué avec des pierres la banque ITAU située dans les rues Bolivar et Moreno, en plein centre ville de Buenos Aires. Nous avons aussi peint sur leurs vitrines « Solidarité avec la révolte au Brésil ». Un petit geste que nous voulons partager au moment où le pape François Ier (Jorge Bergoglio) se promène dan les rues du pays voisin, devant une foule stupide qui l’acclame, pendant que des milliers de personnes meurent de faim ou sous les balles de l’armée, alors que d’autres crèvent dans les favelas surpeuplées ou sous le joug du narcotrafic et des drogues.

Ni la provocation de la richesse du Vatican, ni le spectacle millionnaire de la prochaine coupe du monde de football, ne peuvent cacher tant de misère.

Contre toute Autorité !

PROPAGANDE ET ACTION

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[Argentina] Jorge Olivera, responsable de l’enlèvement de Marie-Anne Erize, en cavale

Le 5 juillet 2013, Jorge Antonio Olivera, responsable de la disparition de la franco-argentine Marie-Anne Erize, est condamné pour ses actes lors de la dernière dictature militaire, à la prison à perpétuité.

Le 25 juillet, il est conduit, avec un de ses camarades accusé, à l’hôpital militaire central Cosme Argerich pour des raisons médicales floues. L’autorisation de son transfert depuis le centre pénitentiaire a été appuyé par la psychologue Marta Ravasi, sa femme.
L’évasion pensée par Olivera se révélera être une réussite car il est encore aujourd’hui en cavale. Mais rien n’aurait pu se faire sans ses collaborateurs, membres du pouvoir judiciaire, des forces armées, du service pénitentiaire fédéral et du corps médical.
Les deux hommes sont aujourd’hui introuvables, une récompense de 2 millions de pesos est mise en jeu pour chacun d’entre eux.

Le 15 octobre 1976 à midi, alors qu’elle venait faire réparer son vélo, Marie-Anne Erize fut la proie d’un enlèvement. Un inconnu en civil l’aborda et finit par la pousser agressivement à l’arrière d’une Ford Falcon, marque de fabrique des patotas (groupes paramilitaires) lors de la dictature, avec l’aide de deux autres agresseurs. Ce fut la dernière fois que la jeune femme fut aperçue. Depuis peu, elle s’était réfugiée àSan Juan, petite ville du nord-ouest de l’Argentine. La dictature militaire l’avait contrainte à fuir Buenos Aires, devenue alors trop dangereuse pour elle.

La jeune femme d’origine française naquit en 1952 et grandit dans la province de Missiones. Adolescente, elle s’installera avec sa famille à Buenos Aires. À 19 ans, elle jonglera entre différents mondes : celui de la mode, où elle débutera une carrière de mannequinat, et celui de l’action sociale à la villa (Bidonville argentin) Bajo Belgrano.
Deux ans plus tard, elle s’oriente vers une carrière de journaliste et de ce fait s’inscrit à l’Université de Buenos Aires dans la filière anthropologie. Nous sommes en 1973, comme beaucoup de jeunes de gauche, Marie-Anne attends avec impatience le retour de l’ancien président éxilé, Juan Domingo Perón.
Très proche encore des habitants de la villa Bajo Belgrano, elle se rend avec eux à un événement tant attendu : l’arrivée de Perón à l’aéroport d’Ezeiza, le mercredi 20 juin 1973. Toutes la gauche argentine y est rassemblée. Mais le « vieux », comme on l’appelle, a bien changé lors de son exil en Europe aux côtés de Franco et d’autres fascistes en vogue sur le vieux continent. Les cris de joies sont bientôt remplacés par ceux de terreur et de douleur. Perón ordonnera à l’aile droite péroniste de tirer sur les « gauchistes » présents. Un véritable massacre eu alors lieu.
Comme beaucoup, Marie-Anne se sentira trahie par cette homme qui leur avait promis la révolution. Et par le biais de son compagnon de l’époque elle rejoindra la guérilla, le groupe des Montoneros.

L’ancien militaire Jorge Olivera s’est bien reconverti à la sortie de la dictature : Il ne s’agit plus de torturer et de commanditer des enlèvements mais de défendre ceux qui ont agit ainsi. Il est alors avocat et dément toute inculpation concernant son implication dans la disparition de Marie- Anne Erize. Comme toute pourriture qu’il a pu être et qu’il est encore, il n’a eu aucun scrupule lors de la défense de personnages tels que le général  Guillermo Suárez Mason (commandant lors de la dictature du 1er corps de l’armée argentine et ayant ainsi le pouvoir décisionnel des agissements dans les centres de détention clandestins Automotores Orletti, Pozo de Banfield, La Cacha et Olimpo), l’Amiral Emilio Eduardo Massera (un des dirigeants de la junte) ou Erich Priebke (Hauptsturmführer de la SS  à Rome).

En 2000, alors qu’il s’apprêtait à savourer une seconde lune de miel en Italie avec sa femme, il fut arrêté par Interpol sous la demande du juge français Roger Le Loire pour la disparition de Marie-Anne Erize.
Sa défense en Italie fut assurée par l’avocat néofasciste Augusto Sinagra, défenseur également de Licio Gelli, grand maître de la Loge P-2, dont les anciens membres n’étaient autres que Guillermo Suárez Mason, Emilio Eduardo Massera et Sinagra lui même.
Avec l’aide de l’armée Olivera obtint après 42 jours d’enfermement, sa liberté.

En 2007, le juge fédéral de San Juan, Leopoldo Rago Gallo, ordonna la détention d’officiers et sous-officiers dont Olivera pour les tortures commises à l’encontre de l’actuelle juge Margarita Camus. Furent alors arrêtés Osvaldo Benito Martel et Alejandro Víctor Lazo. Mais Olivera y Vic passèrent à la clandestinité.
Durant un an Olivera, se prélassa tranquillement à Vicente López en compagnie de sa femme dans un somptueux chalet.
Le 3 novembre 2008, une brigade de la Police Fédérale l’arrêta malgré une tentative de fuite du bourreau.

On sait aujourd’hui que l’enlèvement de Marie-Anne Erize fut dirigée par Olivera accompagné des officiers Eduardo Bic et Eduardo Daniel Cardozo. Il emmenèrent alors la jeune femme au centre clandestin de détention « La Marquesita » où Olivera et Cadozo se disputèrent entre eux le droit de violer la détenue. Ils l’assassinèrent peu après.

Comment de telles ordures peuvent encore échapper à une justice, déjà trop douce pour eux, avec la complicité des institutions ?
Pourquoi réclamer justice alors que c’est elle-même qui l’aide à s’évader ?
Reprenons en main une vraie justice populaire et auto-organisée et appliquons la nous-même ! Continue reading