[Perú] Des indigènes accusés de terroristes pour vouloir sauvegarder leur terre

16631Depuis décembre, dans la sierra du nord du Pérou, la communauté indigène de San Juan de Cañaris, dans la province Ferreñafe, est amenée à lutter contre un projet minier. Ces derniers rejettent radicalement le projet d’extraction à ciel ouvert. En janvier, ils ont protesté en bloquant la voie d’accès au campement de la mine de Candente Copper. La police, se croit sûrement en pleine guerre civile, n’a pas pu se retenir de tirer sur la foule. Au total, pas de morts mais tout de même certains manifestants qui resteront handicapés. Les revendications des quechuas, restent pourtant simples et cohérentes, sans aucune menace envers le gouvernement :

Nous cherchons seulement la protection de l’eau, des bois et la santé de milliers d’habitants qui vivent dans une extrême pauvreté. L’exploitation minière contaminera les rivières Cañariaco et Huallabamba, entre autres”

Pour “tenter” de régler le problème, le gouvernement a donc décider de convier la mine et les habitants autour d’une table tripartite de travail ; Cependant, lors des deux dernières réunions, les principaux points de discorde n’ont pas été abordés et le gouvernement et les habitants se voient dans un conflit de plus en plus profond. En janvier, la situation de conflit entre les deux entités a démarrée très fort:

Le gouvernement central, lamentablement nous traite pratiquement de terroristes. Nous ne sommes d’aucune façon des terroristes, nous sommes des personnes qui exigent leur droits”

Mais le droit de quoi ? Aux yeux du gouvernement, l’argent est plus fort, et comme depuis plus de 500 ans, les indigènes doivent subir, donner leur terre, accepter un esclavagisme aujourd’hui caché sous la notion de classe ouvrière. Qu’il est facile de prendre à ceux qui non rien pour assouvir un désir de pouvoir. Asservir les hommes, comme on asservi la nature, dociliser ce qui est “sauvage”… et pourtant Bolívar a amené l’indépendance et a libéré ce pays de l’envahisseur espagnol ou n’est qu’une légende populaire ?

Aujourd’hui, 18 projets miniers se sont installés sur des terres indigènes, les projets d’exploitations d’hydrocarbures sont encore plus nombreux. Les conflits sociaux s’intensifient, selon un billet d’information en février, 89 sont en processus de “dialogue”, 46 d’entre eux sont issu d’un conflit violent comme ce fut le cas en janvier à Cañaris. Des 222 conflits enregistrés en février, 147 sont des conflits sociaux et environnementaux.

Ce qui paraît plus affolant concernant ses violences policières, c’est que depuis 2011, le gouvernement a promulgué une loi permettant la consultation des peuples indigènes lors d’une implantation au sein de leurs terres mais aucune consultation n’a été encore effectuée. La semaine dernière, le gouvernement, un peu tardivement, a publié un guide des procédés administratif à adopter pour appliquer la loi, mais la liste officielle des peuples indigènes qui pourront bénéficier de cette loi n’a pas été rendue publique.

Parce que bien entendu, une loi permettant aux indigènes d’acquérir de vrais droits sociaux est encore inimaginable dans l’esprit étroit des capitalistes au pouvoir. Dans quel but feraient-ils cela ? Quels avantages pourraient-il en tirer ?

La table de travail créée par le gouvernement a été mise en place autour de deux thèmes majeurs : le développement et l’activité minière. Pour ce qui est de la dernière, lors de la session du 4 mars, le gouvernement décida à la suite de deux votes la validité du projet. Sur ces deux votes, aucun en fut organisé par le gouvernement, le dernier n’eut même pas la participation de celui-ci, ces représentants restèrent à des postes d’observateurs. Un vote en juillet 2012 compta 500 participants et 70% d’entre eux se prononcèrent pour le projet, en septembre, 1 896 personnes furent présentes et 1 719 votèrent contre.

La session de samedi, qui eut lieu au Colisée de Cañaris, proposa un nouveau vote prévu en mai pour l’accord de délivraison de permis ou non à Candente Copper pour poursuivre ses opérations.

Lors des deux dernières sessions, le comportement des hauts fonctionnaires du ministère de l’Énergie et des Mines et de la présidence du Conseil des Ministres, attira l’attention. La réunion du 2 mars, avait été programmé près d’un mois à l’avance par les habitants de Cañaris, mais la veille au soir, les représentants de l’État modifièrent le lieu de la rencontre, ils avisèrent la presse mais pas les indigènes qui les attendirent avec une cérémonie de bienvenue et parés de leurs costumes folkloriques. Les habitants arrivèrent tard au nouveau point de rendez-vous et se sentirent profondément maltraités. Quoi de plus normal après s’être fait humilié par son gouvernement qui pour clairement esquiver un conflit se comporte de manière puérile et irrespectueuse ?

Ce samedi à Cañaris, le président communal sortant Cristóbal Barrios, et son successeur Florentino Barrios, ont rencontés des difficultés pour rejoindre le Colisée. Ils finirent par rejoindre la réunion mais Rosa Sara, membre du conseil municipal et dirigeante de groupe de femmes de Cañaris, n’a pas pu se joindre à eux car on l’empêcha de rentrer.

Nous nous sommes retirés car ce n’était pas convenable de en pas être au complet” expliqua plus tard par téléphone Florentino Barrios, Cristóbal Barrios renchérira par ces mots : “ils nous nous ont jeté de notre propre maison !”

Mais selon Fernando Castillo, du Ministère de l’Énergie et des Mines, les dirigeants de Cañaris ont pris la “décision unilatérale de ne pas participer à la réunion”.

Néanmoins, à cette date, le gouvernement a utilisé des recours administratifs pour le moins contradictoires, de plus, il ne fait que s’incliner devant l’entreprise minière canadienne.

La tension monte et le gouvernement en prend toujours pas de décisions officielles…

Quand pourra-t-on espérer un respect des peuples et de la nature ?

Les indigènes continuent et doivent continuer de se battre, à nous de les soutenir et de les rejoindre !

Sources : http://www.noalamina.org/mineria-latinoamerica/mineria-peru/desmienten-que-exterroristas-dirijan-protesta-antiminera-en-canaris

http://internacional.elpais.com/internacional/2013/04/08/actualidad/1365372367_034355.html

Photos (janvier): http://minacorrupta.wordpress.com/2013/01/25/san-juan-de-canaris-un-pueblo-acusado-de-terrorista-por-defender-su-tierra/

[Guatemala] Début du procès de Efraín Ríos Montt, ancien dictateur

RiosMontt_newsfull_h

 

L’ancien dictateur guatémaltèque, Efraín Ríos Montt, a embauché ce mercredi un nouvel avocat, au second jour de son procès pour génocide durant sont mandat (1982-1983), après que la juge ait expulsé son précédent défenseur. Ce dernier, Francisco García a été contraint de quitté les lieux sous les ordres de la juge l’accusant d’un manque d’éthique et de professionnalisme ayant pour but de retarder l’avancement du procès.

 

 

Efraín Ríos Montt est arrivé au pouvoir le 23 mars 1982, par un coup d’État militaire renversant le gouvernement du Général Fernando Romeo Lucas-García, arrivé alors depuis deux semaines à la tête de l’État guatémaltèque.

 

A la tête d’une junte militaire, Ríos Montt décida de destituer celle-ci, trois mois plus tard, pour s’autoproclamer président de la République, et assumer un régime totalitaire.

 

Alors en pleine Guerre Civile 1, le Guatemala, connu à cette période les pires atrocités de son histoire post-coloniale.

 

Ríos Montt avait pour stratégie de contrôle de sa population, la mise en place des PAC, Patrouilles d’Autodéfense Civile, qui n’était ni plus ni moins que des groupes paramilitaires ayant pour ordres de combattre tout opposants, contestataires envers le gouvernement.

 

Ces «ennemis» n’étaient autre que des groupes guérilleros en guerre contre l’État.

 

Dans les années 1960-1970, ces groupes insurgés se sont réorganisés par l’incorporation à leur lutte des indigènes et des populations rurales. Les populations d’origine maya sont vite excédées par l’oppression quotidienne des propriétaires terriens et de l’armée, sans parler d’un système colonial encore présent, d’un acharnement sans relâche sur leur peuple depuis l’arrivée «libératrice» des espagnols.

 

De ces groupes de guérilla révolutionnaire populaire, s’en distinguent quatre : l’EGP2, l’ORPA3, les FAR4 et le PGT5. En 1981, ces derniers se rassemblent et forment l’Union Revolucionaria Nacional Guatemalteca. L’URNG déclare alors que ses objectifs au sein de la guerre populaire révolutionnaire est la prise de pouvoir et la constitution d’un gouvernement révolutionnaire, patriotique, populaire et démocratique.

 

Le régime de Ríos Montt, effrayé par l’influence politique des groupes guérilleros se lance alors avec l’aide des PAC dans une extermination affolante de la population guatémaltèque : plus de 334 massacres, 19 000 assassinats et disparitions, 100 000 exils dans les pays voisins et 1 000 000 de déplacements au sein du pays au cours des 16 mois de «règne» du dictateur.

 

Les membres des PAC, étaient recrutés parmi la population civile, obligée de participer dans ces groupes paramilitaires. Outre les massacres orchestrés par le gouvernement, Ríos Montt créa le plan «Des balles pour de la nourriture» qui consistaient de pouvoir échanger des armes contre du travail «digne» et un salaire.

 

Le dictateur mit en place d’autres actions qu’il appela «guerre des fusils et des haricots», consistant en une guerre de terreur psychologique incluant la torture et les disparitions, mais aussi en la prise de mesures économiques, en plus du saccage et l’incendie des terres, qui eut pour but d’anéantir toute population qui était ou pouvait être en relation avec la guérilla, la privant ainsi de subsistances primaires.

 

De part le soutien actif de conseillers de guerre de la CIA, Taïwan, Israël ou encore d’Afrique du Sud, Ríos Montt espère pouvoir mettre en place le «plan de sécurité et développement», lui permettant d’appliquer, pour redonner une image positive à son armée, le «plan d’aide aux zones de conflit». Plan envers lequel Washington se montrera particulièrement généreux, mettant un terme sur l’embargo de livraison d’armes.

 

Mais la situation interne du gouvernement de Ríos Montt décline. Il échoue sur ses intentions d’unification du centre et de la droite et il se met à dos ainsi les classes dominantes. De plus, son affiliation avec la secte Église du Verbe, le pousse à retourner dans le schéma colonialiste, se lançant dans une croisade, convertissant de nombreux villages à cette branche sombre du protestantisme évangélique. Une nouvelle guerre sainte est alors sur le point d’éclore.

 

Ainsi, le 8 août 1983, un coup d’État destitue le gouvernement de Ríos Montt ; le Général Oscar Mejía Víctores, son Ministre de la Défense, prend sa place.

 

Le Guatemala passe alors à un autre régime militaire, mais l’ancien dictateur ne se retire pas de la vie politique, en 1985, il est décoré par le Pentagone, en 1994, il est président de la Chambre unicamérale et en 2000, il devient président du Congrès. Ses nombreuses participations aux élections sont empêchées. En 1999, il admettra la participation son gouvernement à deux massacres.

 

 

À 86 ans, Ríos Montt est enfin jugé depuis mardi (19 mars 2013) pour l’exécution de 1 771 indigènes mayas ixiles. Mais l’ancien dictateur refuse d’admettre les faits qui lui sont reprochés, même devant témoins. Lors de ce jugement, le Général José Rodríguez, ex-membre du gouvernement de Ríos Montt est aussi présent au banc des accusés.

 

 

La justice du peuple doit continuer à combattre ces monstres !

 

Plus d’impunité pour les initiateurs de génocide !

 

Aucune complaisance avec les bourreaux du peuple !

 

¡Verdad y Justicia ya !

 

 

 

sources :

http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2013/03/19/104824583-inicia-juicio-por-genocidio-contra-ex-dictador-guatemalteco-rios-montt

 Dante Barrientos Tecún, Amérique Centrale : L’Horreur et L’Espoir – Analyse de la poésie contemporaine.

 

 

 

 

 

1 Guerre qui dura 36 ans et se terminera en Décembre 1996 avec l’établissement d’un traité de paix

 

2 Ejército Guerrillero de los Pobres

 

3 Organzación Revolucionaria del Pueblo en Armas

 

4 Fuerza Armadas Rebeldes

 

5 Partido Guatemalteca del Trabajo

 

Efraín Ríos Montt