[Guatemala] Début du procès de Efraín Ríos Montt, ancien dictateur

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L’ancien dictateur guatémaltèque, Efraín Ríos Montt, a embauché ce mercredi un nouvel avocat, au second jour de son procès pour génocide durant sont mandat (1982-1983), après que la juge ait expulsé son précédent défenseur. Ce dernier, Francisco García a été contraint de quitté les lieux sous les ordres de la juge l’accusant d’un manque d’éthique et de professionnalisme ayant pour but de retarder l’avancement du procès.

 

 

Efraín Ríos Montt est arrivé au pouvoir le 23 mars 1982, par un coup d’État militaire renversant le gouvernement du Général Fernando Romeo Lucas-García, arrivé alors depuis deux semaines à la tête de l’État guatémaltèque.

 

A la tête d’une junte militaire, Ríos Montt décida de destituer celle-ci, trois mois plus tard, pour s’autoproclamer président de la République, et assumer un régime totalitaire.

 

Alors en pleine Guerre Civile 1, le Guatemala, connu à cette période les pires atrocités de son histoire post-coloniale.

 

Ríos Montt avait pour stratégie de contrôle de sa population, la mise en place des PAC, Patrouilles d’Autodéfense Civile, qui n’était ni plus ni moins que des groupes paramilitaires ayant pour ordres de combattre tout opposants, contestataires envers le gouvernement.

 

Ces «ennemis» n’étaient autre que des groupes guérilleros en guerre contre l’État.

 

Dans les années 1960-1970, ces groupes insurgés se sont réorganisés par l’incorporation à leur lutte des indigènes et des populations rurales. Les populations d’origine maya sont vite excédées par l’oppression quotidienne des propriétaires terriens et de l’armée, sans parler d’un système colonial encore présent, d’un acharnement sans relâche sur leur peuple depuis l’arrivée «libératrice» des espagnols.

 

De ces groupes de guérilla révolutionnaire populaire, s’en distinguent quatre : l’EGP2, l’ORPA3, les FAR4 et le PGT5. En 1981, ces derniers se rassemblent et forment l’Union Revolucionaria Nacional Guatemalteca. L’URNG déclare alors que ses objectifs au sein de la guerre populaire révolutionnaire est la prise de pouvoir et la constitution d’un gouvernement révolutionnaire, patriotique, populaire et démocratique.

 

Le régime de Ríos Montt, effrayé par l’influence politique des groupes guérilleros se lance alors avec l’aide des PAC dans une extermination affolante de la population guatémaltèque : plus de 334 massacres, 19 000 assassinats et disparitions, 100 000 exils dans les pays voisins et 1 000 000 de déplacements au sein du pays au cours des 16 mois de «règne» du dictateur.

 

Les membres des PAC, étaient recrutés parmi la population civile, obligée de participer dans ces groupes paramilitaires. Outre les massacres orchestrés par le gouvernement, Ríos Montt créa le plan «Des balles pour de la nourriture» qui consistaient de pouvoir échanger des armes contre du travail «digne» et un salaire.

 

Le dictateur mit en place d’autres actions qu’il appela «guerre des fusils et des haricots», consistant en une guerre de terreur psychologique incluant la torture et les disparitions, mais aussi en la prise de mesures économiques, en plus du saccage et l’incendie des terres, qui eut pour but d’anéantir toute population qui était ou pouvait être en relation avec la guérilla, la privant ainsi de subsistances primaires.

 

De part le soutien actif de conseillers de guerre de la CIA, Taïwan, Israël ou encore d’Afrique du Sud, Ríos Montt espère pouvoir mettre en place le «plan de sécurité et développement», lui permettant d’appliquer, pour redonner une image positive à son armée, le «plan d’aide aux zones de conflit». Plan envers lequel Washington se montrera particulièrement généreux, mettant un terme sur l’embargo de livraison d’armes.

 

Mais la situation interne du gouvernement de Ríos Montt décline. Il échoue sur ses intentions d’unification du centre et de la droite et il se met à dos ainsi les classes dominantes. De plus, son affiliation avec la secte Église du Verbe, le pousse à retourner dans le schéma colonialiste, se lançant dans une croisade, convertissant de nombreux villages à cette branche sombre du protestantisme évangélique. Une nouvelle guerre sainte est alors sur le point d’éclore.

 

Ainsi, le 8 août 1983, un coup d’État destitue le gouvernement de Ríos Montt ; le Général Oscar Mejía Víctores, son Ministre de la Défense, prend sa place.

 

Le Guatemala passe alors à un autre régime militaire, mais l’ancien dictateur ne se retire pas de la vie politique, en 1985, il est décoré par le Pentagone, en 1994, il est président de la Chambre unicamérale et en 2000, il devient président du Congrès. Ses nombreuses participations aux élections sont empêchées. En 1999, il admettra la participation son gouvernement à deux massacres.

 

 

À 86 ans, Ríos Montt est enfin jugé depuis mardi (19 mars 2013) pour l’exécution de 1 771 indigènes mayas ixiles. Mais l’ancien dictateur refuse d’admettre les faits qui lui sont reprochés, même devant témoins. Lors de ce jugement, le Général José Rodríguez, ex-membre du gouvernement de Ríos Montt est aussi présent au banc des accusés.

 

 

La justice du peuple doit continuer à combattre ces monstres !

 

Plus d’impunité pour les initiateurs de génocide !

 

Aucune complaisance avec les bourreaux du peuple !

 

¡Verdad y Justicia ya !

 

 

 

sources :

http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2013/03/19/104824583-inicia-juicio-por-genocidio-contra-ex-dictador-guatemalteco-rios-montt

 Dante Barrientos Tecún, Amérique Centrale : L’Horreur et L’Espoir – Analyse de la poésie contemporaine.

 

 

 

 

 

1 Guerre qui dura 36 ans et se terminera en Décembre 1996 avec l’établissement d’un traité de paix

 

2 Ejército Guerrillero de los Pobres

 

3 Organzación Revolucionaria del Pueblo en Armas

 

4 Fuerza Armadas Rebeldes

 

5 Partido Guatemalteca del Trabajo

 

Efraín Ríos Montt