[Colombia] Le terrorisme d’État et l’impunité : le Général Velandia n’est toujours inquiété.

À la veille de l’Examen Périodique Universel sur la situation des droits de l’Homme en Colombie, Le Conseil de l’État a honteusement annulé la destitution du Général Álvaro Velandia Hurtado, responsable de la disparition forcée de Nydia Erika Bautista.

La jeune femme, alors âgée de 30 ans, était membre du groupe guérillero M-191, qui contrairement à d’autres organisations colombiennes et se rapprochant des Tupamaros2 uruguayens, défendant l’idée de combats urbains plutôt que dans la jungle. L’organisation fait son apparition en 1974, l’une des ses premières actions, qui eut lieu la même année, fut le vol de l’épée de Simón Bolívar. Ils déclarèrent lors de la revendication de l’acte : «  Bolívar, ton épée retourne à la lutte »3.

En 1982, alors que Belisario Betancur Cuarta est Président de la République Colombienne, le M-19, l’accuse personnellement de ne pas œuvrer pour la paix au sein du territoire colombien et demande qu’il soit jugé.

Le 5 novembre 1985, suite à de nombreuses négociations entre le gouvernement et les guérilleros, le groupe décidera la prise du palais de justice de Bogotá, prenant ainsi en otage 350 personnes, dont onze des vingt-cinq juges de la cour suprême.

Fidèle à sa délicatesse, l’armée colombienne donnera l’assaut, le lendemain, provoquant une fusillade où 100 otages perdront la vie. Une dizaine de personnes seront évacuées par l’armée vers une école militaire pour un « débriefing ». Ces personnes ne donneront plus signe de vie par la suite et leurs corps ne seront pas retrouvés sauf pour l’une d’entre elles qui se trouvait parmi les corps calcinés à l’intérieur du tribunal. Étrange affaire qui impliquerait que le cadavre aurait été ramené par la suite au sein du palais de justice, et qui sous-entend et laisse imaginer le caractère sale de ce « débriefing ». Tous les guérilleros auraient-été tué sauf deux d’entre eux, dont l’un disparaîtra les jours suivants la prise du palais.

Du point de vue de l’organisation de défense du territoire, l’armée met en place une nouveau Bataillon spécial, le BINCI4 ou XXème Brigade, dirigé par le Brigadier Général Ricardo Charry Solano. Cette escouade paramilitaire a été directement impliquée dans la création de la Triple A (Alliance Américaine Anticommuniste) en 1979, selon un rapport de 1979 de l’ambassade des États-Unis à Bogotá. Le rapport décrit un plan destiné à «créer l’impression que l’Alliance Américaine Anticommuniste s’est elle-même mise en place en Colombie et se prépare à recourir à des actes violents contre les communistes locaux.»

Le BINCI a été accusé de sa participation à de nombreux actes de terrorisme : attentats à la bombe, kidnappings, assassinats contre des militants de gauche et abus contre des prisonniers issus de la guérilla.

La disparition forcée de Nydia Erika Bautista fait partie de ces nombres actes terroristes. Le 30 Août 1987, la jeune femme est enlevée à son domicile et jetée de force dans un véhicule par un groupe issu du BINCI. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que Nydia Erika passera par les mains de l’État : elle avait déjà été auparavant victime d’une arrestation en raison de sa participation active au sein du M-19.

Son corps sera retrouvé, trois ans plus tard, laissant apparaître des marques de tortures et d’abus sexuels mais aussi révélant le mode d’exécution adopté : Une balle dans la tête. Elle avaient été classé jusqu’à ce jour comme N.N (sans nom)

Le 9 Juillet 1995, le Procureur délégué de la Colombie pour les droits de l’Homme, Hernando Valencia Villa, a annoncé les conclusions d’une enquête disciplinaire concernant le meurtre et les tortures infligées à Nydia Erika : le Brigadier Général Álvaro Hernán Velandia Hurtado et un sergent de l’armée devront être expulsés des forces armées.

C’est cette même décision qui aujourd’hui n’est toujours pas appliqué à l’encontre de ces fascistes. Une impunité qui est profitable pour tous les initiateurs de crimes similaires à l’encontre de jeunes militants, qui continuent à se la couler douce.

Comment le peuple peut-il trouver la paix alors que les dirigeants pratiquent un terrorisme impuni ?

La lutte doit continuer ! Justice sociale !

Sources :

http://www.anarkismo.net/article/25428

http://www.nydia-erika-bautista.org/

Political Murder and Reform in Reform in Colombia: The Violence Continues, Human Rights Watch, 1992 – 118 pages

 

 

1Movimiento del 19 Abril.

2Les Tupamaros sont un mouvement politique uruguayen, d’extrême-gauche, qui prôna l’action directe et la guérilla urbaine dans les années 1960 et 1970.

3 « Bolívar, tu espada vuelve a la lucha »

4Batallón Único de Inteligencia y Contrainteligencia,

[Chile] Arrestation de Hans Niemeyer

July-6th-roundstone-on-Flickr1Le 26 avril à 09h du matin la police judiciaire a arrêté Hans Niemeyer, compagnon qui était en cavale depuis 4 mois après avoir décidé de terminer son assignation à domicile, accusé sous la loi anti-terroriste pour un soi-disant placement et fabrication d’engins explosifs.

Apparemment, selon ce que Hans a dit aux avocats de la défense et ce que la police elle-même a dit, il n’y a pas eu d’affrontements ni les coups habituels de la police contre les détenus. Hans aurait été arrêté dans un appartement à Villa Portales, commune d’Estación Central.

Les services d’Intelligence (?) n’ont pas encore dit comment ils avaient trouvé son lieu de clandestinité.

Hans a été transféré depuis la caserne de la police judiciaire jusqu’au palais de justice où ils ont contrôlé son arrestation à 14h. Le chef du parquet général sud, Raul Gusman a dit : ” Ce n’est pas une victoire spécialement pour le parquet général sud, mais pour l’institution chilienne, où une personne doit confronter autant ses droits que ses devoirs, et dans le cas de Niemeyer, son devoir est de se présenter devant la justice”.

Le parquet général cherchait à retarder son procès demandant comme date le 24 juin, alors que la défense espérait qu’il aurait lieu le 6 mai (date fixé alors qu’il était encore en cavale). Finalement le tribunal a fixé comme date le 17 juin.

On ne sait pas encore dans quelle prison et quel module l’État décidera de séquestrer Hans en attendant son procès sous la loi anti-terroriste.

Depuis ici, nous saluons sa position digne devant cette nouvelle chasse à l’homme et nous lui envoyons un salut révolutionnaire rempli d’énergie et de courage pour tout le procès légal-théâtral qui s’approche.

Fin de la loi anti-terroriste !

(… nous espérons pouvoir actualiser bientôt et compléter par plus d’informations)

source : Publicación Refractario

traduction : Contrainfo

 

 

[Colombia] L’ombre de La Colosa sur Cajamarca, Tolima

No a la ColosaLes mégamines, nouvel Eldorado mythique

Pays à vendre, à prix cassé. Voilà le slogan convenant le mieux aux gouvernements successifs d’Uribe Vélez et maintenant de Juan Manuel Santos. Leur politique minière n’est rien d’autre que la vieille politique coloniale du troc d’or contre de la verroterie

Le cas de La Colosa, en Cajamarca, est l’un des plus emblématiques de l’actuel modèle minier extractiviste qu’on cherche à imposer en Colombie au bénéfice du grand Capital. Avec ce projet, on est en train de militariser et d’écraser la population paysanne, tout en renvoyant dans les limbes la souveraineté alimentaire du peuple colombien afin qu’une multinationale récupère le terrain et contamine les cours d’eau avec du cyanure. Ce projet est paradigmatique du caractère insoutenable du modèle de développement dépendant et atrophié en vigueur en Colombie.

Secteur mégaminier, le rouleau compresseur en roue libre

Depuis 2006, le gouvernement colombien poursuit le développement d’une politique agressive dans laquelle l’industrie minière est définie comme un pilier du « développement » national : statut qui reste d’actualité dans le Plan de Développement National du gouvernement Santos [1]. L’investissement étranger dans l’exploitation des mines et des carrières a augmenté de façon exponentielle, passant de 466 millions de $US en 2002 à 1 789 millions de $US en 2008 et 3 094 $US en 2009 [2]. Si en 2001, il existait 1 889 titres miniers en Colombie, en 2010, on était passé à 8 928 de titres qui englobaient 4 839 149 hectares de terre. 40% du territoire national sont de fait actuellement cédés ou réclamés pour l’exploitation minière [3].

Ce processus a lieu dans un contexte de renforcement d’un modèle économique néo-extractiviste en Amérique Latine grâce aux prix record atteints par des minerais comme le charbon, l’or ou le pétrole au cours de la dernière décennie. Tandis que le gouvernement affirme que l’exploitation des ressources énergétiques et minières apportera bien-être et prospérité à toute la population, dans la pratique, des cas comme celui de Cerro Matoso ou d’El Cerrejón, comme tant d’autres, mettent en évidence que ce type d’exploitation, réalisée avec toute sorte d’appâts et de bénéfices pour les multinationales, n’enrichit qu’une infime élite nationale et étrangère. Les communautés locales sont exclues des bénéfices et doivent payer les coûts sociaux et environnementaux de ces exploitations –récemment, la multinationale Drummond a balancé 500 tonnes de charbon à la mer, ce qui a causé indignation et perplexité d’autant que l’Agence Nationale des Licences Environnementales a levé la sanction.

Autre exemple : celui de Puerto Gaitán, dans le Meta, municipalité qui a reçu le plus de royalties au titre de l’exploitation pétrolière. Cependant, les enfants y meurent de faim, (13 rien qu’au cours du premier semestre 2011) et l’on enregistre un des taux de mortalité infantile les plus hauts du pays, avec 61 enfants pour 1000, trois fois plus que la moyenne nationale. De son côté, la population manque des services de base comme l’accès sûr et stable à l’eau potable ou à l’électricité, et les chemins que l’on a construits ne sont là que pour permettre la sortie de l’ « or noir » [4]. Il se produit à peu près la même chose avec le Cerrejón dans la Guajira : malgré les immenses richesses produites par plus de deux décennies d’exploitation du charbon, la population locale continue de connaître des niveaux d’analphabétisme, de malnutrition, d’inégalité et de manque de ressources de base bien supérieurs à la moyenne nationale.[5]

Voilà les éléments qui permettent de comprendre le pourquoi de la résistance populaire croissante face aux mégaprojets miniers qui s’étendent petit à petit sur tout le territoire national.

Un nouveau mythe d’Eldorado

De toutes les zones d’activités minières, ce sont celles de l’or sont le plus actives, avec beaucoup de dynamisme, mais elles représentent un des plus grands dangers pour la biodiversité, le développement durable et la vocation agricole du pays. Il existe actuellement environ 89 projets de mégamines aurifères en Colombie, la majorité d’entre eux en phase de prospection ; on estime qu’il y a au moins 2015 tonnes d’or dans le pays (60 millions d’onces). L’Antioquia remporte « la médaille d’or » en concentrant 47 de ces projets [6]. Des communes comme Remedios, Caucasia ou Ségovia, ont vu augmenter de manière assez préoccupante la violence, associée à l’avance des paramilitaires qui agissent en coordination avec l’armée, en harcelant les orpailleurs artisanaux dans la dispute pour le métal précieux (on estime à 40 382 le nombre des orpailleurs artisanaux qui travaillent l’or). [7]

Aujourd’hui, on produit 40 tonnes annuellement et le projet gouvernemental est d’intensifier la production pour atteindre les 80 tonnes vers 2019 [8]. La bagarre n’est pas pour le seul contrôle de la production d’or, mais aussi pour le contrôle des titres miniers. D’après l’analyste Mario Valencia, « le business, c’est évidemment l’extraction de l’or mais aussi la vente des actions des entreprises qui ont les titres miniers. C’est presque la même chose avoir l’or en lingots dans les banques que dans la montagne » [9].

Les entreprises principales qui possèdent des titres d’exploitation aurifère sont l’AngloGold Ashanti ( au moins 410 titres- 391 directs, 19 par le biais d’Explorations Choco Colombia S.A.S., contrôlant au moins une superficie de 821 087 hectares) et la Continental Gold (au moins 135 titres, pour une surface de 111 000 hectares) ; il convient de souligner que ces chiffres sont des estimations, car ces entreprises opèrent sous des noms, filiales, raisons sociales différents etc…Toutes deux sont associées dans l’exploitation de La Colosa, dans la commune de Cajamarca, Tolima, l’AngloGold Ashanti étant majoritaire. Toutes ces concessions sont pour 30 ans, prolongeables de 30 ans supplémentaires [10]. On espère que l’exploitation de La Colosa démarrera en 2019, année où le gouvernement s’est fixé l’objectif de multiplier par deux la production aurifère ; ce seul fait prouve que La Colosa n’est pas un projet de plus, mais une pièce maîtresse dans le projet du bloc dominant.

On calcule que La Colosa produirait environ 24 millions d’onces d’or; le coût environnemental de cette exploitation peut se calculer en tenant compte de la nécessité de remuer plus de 100 tonnes de roche pour produire à peine une once d’or… La Colosa, selon différentes estimations, produirait, en plus, 100 000 tonnes de résidus miniers par jour, plus de 8 tonnes de cyanure, 500 tonnes de dioxyde de carbone, et utiliserait 70 millions de litres d’eau… tout cela pour produire à peine 50 kilos d’or [11]. Personnellement, je ne sais pas si le prix du marché justifie, ne serait-ce qu’en termes purement économistes, les terribles dégâts environnementaux et sociaux que cela produirait. L’AngloGold occupe aujourd’hui complètement la commune : elle possède 21 titres miniers qui couvrent 60% de la municipalité de Cajamarca (30 440 hectares), suite à quoi les dégâts estimés pour la zone, une fois lancée l’exploitation, seraient irréversibles [12].

Militarisation et secteur minier

La force publique protège le grand investissement privé et les paramilitaires empêchent la protestation sociale et poussent au déplacement
CODHES, Quelle consolidation ?, Février 2011 [13]

Militarisation et secteur minier vont de pair dans le contexte du conflit colombien: ce n’est pas un hasard que là où les activités contre-insurrectionnelles sont en hausse, il y a des intérêts de nature économique. 30% de la force publique (environ 100 000 hommes en uniformes) est mise au service des entreprises énergétiques et minières, pour protéger leurs investissements en infrastructures et leurs cadres et sous-traitants, et faire taire les protestations des communautés, souvent avec l’aide des paramilitaires « en nettoyant » le terrain. Les soldats se chargent aussi d’éradiquer toute forme de « concurrence » pour les entreprises méga-minières transnationales. En application d’une politique strictement au service du grand capital, toute forme de production paysanne ou artisanale, y compris l’activité minière artisanale, a été déclarée illégale, par les médias et les fonctionnaires publics. Pour bien faire savoir que la loi colombienne est aux côtés du capitaliste, de préférence s’il est étranger, on a approuvé des décrets pour combattre les mineurs artisanaux et ils sont fréquemment dénoncés dans les médias comme étant ceux qui financent l’insurrection pour « justifier » ainsi les attaques qu’ils subissent à l’enseigne de la contre-insurrection. De cette façon, l’Etat met en cause la subsistance de plus de 300 000 familles (cinq millions de personnes) qui dépendent du secteur minier artisanal, pour mieux servir les entreprises minières multinationales [14].

Dans ce cadre de militarisation croissante, 573 mines dites “illégales” ont fait l’objet d’interventions [15]. Cette militarisation et la présence importante de groupes paramilitaires sous l’aile de l’armée pour qu’ils fassent le sale boulot, aboutit à de violents accrochages et violations contre les communautés. Ces dix dernières années, d’après les Brigades de Paix Internationales, 80% des violations des droits humains et 87% des déplacements forcés en Colombie ont eu lieu là où sont développés des mégaprojets d’exploitation minière (il existe 42 districts miniers composés de 328 communes), ainsi, 78% des attentats contre des syndicalistes ont été perpétrés contre ceux qui travaillent dans le secteur minier et énergétique[16].

Dans la zone d’Anaime, en Cajamarca, depuis l’arrivée de l’AngloGold la militarisation de la vie de la communauté a considérablement augmenté, touchant le tissu social. Un dirigeant communautaire de la région, Yesid Muñoz, du Comité Environnemental et Paysan de Cajamarca, nous parle de l’atmosphère de militarisation vécue à Anaime :

« L’AngloGold fait travailler beaucoup de paysans. Le peu de jeunes qui restent à la campagne est poursuivi par l’armée le dimanche et recruté de force. Je demande au gouvernement colombien où est la différence entre la guérilla qu’il critique parce qu’elle recrute des garçons de 16 ans alors qu’eux les poursuivent comme des fous pour les recruter(…) La militarisation ici vous la voyez le long de la route panaméricaine, dans les carrefours. Au bord de ces chemins vous voyez des maisons misérables surpeuplées. C’est quoi que l’armée surveille ? Ici, il n’y a pas de gros riches ni de gros propriétaires, ce qu’ils cherchent, c’est à intimider le paysan, le peuple ».

Quand les gens de la communauté se sont prononcés contre l’AngloGold, la stigmatisation a commencé : toute forme d’opposition est assimilée à des expressions civiles d’insurrection et pour cette raison reçoit une réponse militaire. Le 22 février, on a célébré une « Table Citoyenne Environnementale » à Ibagué ( là où le rejet du projet par la communauté a été très net) et les journaux ont capté les échanges de messages entre le vice-président chargé de la « soutenabilité » [sic] de l’AngloGold, Rafael Hertz et le chargé de communications de La Colosa, Ivan Malaver, dans lesquels l’un disait « On a identifié dans le public des opposants plusieurs guérilléros d’Anaime », ce à quoi l’autre a répondu « bien reçu » [17]. Devant ces accusations, Yesid Muñoz hausse tout simplement les épaules. « Moi, on me considère comme un révolutionnaire, mais ce n’est pas un péché, Jésus-Christ a été un révolutionnaire, et je veux la révolution que Jésus-Christ nous a enseignée ». Une dirigeante d’une Junte d’action communale (JAC) de la région, nous expliquait en novembre, sur la base de son expérience directe, ce rapport entre l’armée et la multinationale :

Je comprends que l’armée travaille avec l’AngloGold, qui paye pour être protégée et c’est comme ça qu’ils ont commencé la militarisation chez nous. Si on n’est pas d’accord avec l’entreprise, on te colle instantanément l’étiquette de guérillero. Il y a de nombreux cas d’abus de pouvoir, ils te surveillent et dès qu’il y en a qui moucharde que t’as été contre l’AngloGold, alors ils commencent à te pourrir la vie. Mais il faut qu’on regarde vers le futur et on est prêts à tout à condition que le projet n’aboutisse pas parce qu’il va beaucoup nous toucher ainsi que les générations futures« 

.

Carlos Gámez, de l’Union Paysanne de Los Alpes, Tolima (UCAT) explique le tournant orwellien de la militarisation en Cajamarca : « L’armée a un bataillon à elle là-bas, pour barrer la route aux communautés pour qu’elles ne passent plus par les chemins qu’elles empruntaient avant. Ils sont en train d’imposer un contrôle très dur sur les personnes, ils installent des caméras partout, comme ça si tu parles, tout est enregistré ». Fernando Pérez Sánchez, coordinateur d’OSADA (Organisations Sociales du Cañón d’Anaime) confirme ces mêmes affirmations : « L’armée a mis un bataillon à leur service et nous autres dirigeants sommes surveillés étroitement, on nous a tous filmés ».

Même si maintenant les cadres de l’AngloGold se la jouent “ce n’était pas moiˮ, prétendant qu’ils n’ont jamais traité personne de guérillero, en novembre, des rumeurs couraient parmi les paysans de la communauté que des cadres de l’entreprise disaient que l’armée ouvrirait le chemin à l’AngloGold Ashanti, en coursant « ces “guérillerosˮ et “révoltésˮ d’Anaime. Il n’y a pas de fumée sans feu.

L’or ne se mange pas

A mon arrivée à Anaime, un paysan m’expliquait que le Tolima était comme le paradis, et que Cajamarca était le jardin d’Éden. Ce n’est pas pour rien que Cajamarca a été surnommée le garde-manger de la Colombie. Les versants des collines de cette région regorgent de verdure, presque tout ce que l’on peut planter pousse, café, bananes, arracacha (pomme de terre- céleri). Cajamarca, sans aller plus loin, fournit 10% de la nourriture consommée à Bogota [18], c’est pourquoi changer la vocation de productrice d’aliments de cette région pour la réorienter vers l’exploitation aurifère aurait des conséquences de nature potentiellement catastrophiques.

Les paysans disent qu’on ressent déjà les effets désastreux des mégamines sur la production alimentaire. La même dirigeante paysanne de la JAC fait remarquer :

« L’AngloGold offre aux paysans des salaires allant jusqu’à 800 000 pesos (=340 €) mensuels, ce qui les a amenés à cesser de travailler la terre. Pourtant la plus grosse partie de cet argent est un mirage, parce qu’ils le dépensent en transports et repas. Il faut voir plus loin que l’argent qu’on leur verse pour un mois, parce qu’on touche à notre eau, ils nous volent l’eau et cela commence à affecter l’environnement. Et même si on ne voit peut-être pas encore toutes les conséquences, tôt ou tard, nous devrons bien les voir ».

Carlos Gámez, de l’ UCAT explique:

On nous pollue l’eau, cela va toucher les terres de culture…cela entraîne des déplacements… ils achètent peu à peu des terres et en retirent les paysans qui produisent des aliments pour le pays. Ils créent de l’inimitié et des conflits entre voisins, ils exercent des pressions sur les gens qui sont en désaccord sur la manière d’essayer de faire changer la façon de penser des gens qui encadrent des processus et informent les paysans par ici. Ils font courir le bruit que ce sont des menteurs, que le projet est ce qui peut arriver de mieux à Cajamarca ».

Fernando Pérez Sánchez, d’OSADA corrobore l’impact de l’AngloGold non seulement sur la production alimentaire elle-même mais aussi sur le tissu social des communautés paysannes qui, en dernier ressort , est ce qui soutient ce mode de production : « le projet est en train de toucher les communautés paysannes en les leurrant et en les divisant. Dans le domaine économique, ils font croire aux gens que l’agriculture ne rapporte rien et le secteur minier est la meilleure option ».

Le mécontentement des paysans de la zone face à la multinationale est une partie du malaise qui frappe toute la campagne colombienne et qui ces dernières semaines s’’est exprimé dans des protestations massives des producteurs de café et de cacao. C’est le résultat de la ruine à la laquelle le paysan a été conduit par l’ouverture néolibérale et les traités de libre-échange, ainsi que la politique séculaire de spoliation à l’encontre des paysans. Yesid Muñoz nous fait remarquer, faisant écho à la ré-articulation croissante du mouvement paysan et de ses revendications, que :

« AngloGold Ashanti ne peut nous tromper avec sa propagande qui nous incite à rendre la campagne productive et compétitive, alors que ce qui les intéresse, c’est de faire partir les paysans de la zone. Chaque jour la télé nous trompe en montrant des choses fictives mais ici, vous voyez la réalité. Le gouvernement traite très mal le monde rural, il ne s’intéresse pas au paysan, et après ils s’associent à ces entreprises multinationales en disant que c’est pour créer des emplois, mais ils leur donnent tout à elles, tous les moyens qu’ils refusent aux paysans de Colombie. Voyez, le gouvernement a fait toutes ces routes pour l’AngloGold alors que nous, on les réclamait depuis cent ans. Avec une campagne aussi productive que la nôtre, ce que nous voulons, c’est de l’aide pour produire ».

Le rouleau compresseur qui essaye d’avancer sur un peuple qui ne se laisse pas asservir

L’environnement de La Colosa est un microcosme dans lequel se reproduisent toutes les contradictions du Plan actuel de (Sous) développement National impulsé par le gouvernement de Santos (qui n’ est que l’élaboration de la proposition uribiste de pays, et non de son rejet) : la contradiction entre Capital rentier et Capital productif, entre communautés et Capital multinational, entre la vocation de production alimentaire et l’illusion extractiviste, entre le développement social durable et le développement macroéconomique , entre le paysan et le technocrate-militaire-capitaliste, entre les mêmes communautés dépassées par l’avancée irrésistible de l’investissement direct étranger, entre l’intégration économique ou développement enclavé, entre la vie et la mort. Le rouleau compresseur minier, par le biais de l’AngloGold Ashanti, a accéléré tout simplement le rythme de spoliation auquel sont soumises les communautés paysannes depuis des temps immémoriaux, s’ajoutant à d’autres phénomènes qui touchent la paysannerie comme l’ouverture néolibérale et la présence des narco-paramilitaires, qui est toujours d’actualité comme le dit un paysan : « Ici les narcotrafiquants font monter les prix de la terre car ils passent leur temps à blanchir de l’argent en achetant et en revendant. Ce problème n’est pas près de s’arrêter parce que le gouvernement les laisse faire ». Sur ce territoire, l’histoire des contradictions de la Colombie s’exprime de tout son poids. Le cas de La Colosa est paradigmatique d’un modèle qui pour la plus part des gens génère pauvreté et famine, au milieu de la richesse et de l’abondance d’une poignée de personnes.

Il est également important, sur ce point, de souligner que le village de Cajamarca et les communautés rurales de sa municipalité ne sont pas des « victimes » désarmées qui se croisent les bras face à la fatalité, pour implorer des tiers afin qu’ils fassent justice pour eux. Nous avons affaire à un peuple qui a été opprimé, réprimé, violenté, victimisé, mais qui garde toute sa dignité. Un peuple courageux qui se bat et se refuse à devenir passif, qui réclame ses droits à être acteur du changement. Un peuple qui tisse la solidarité, qui noue des liens, qui travaille, rêve et crée.

Le dynamisme de la lutte pour la défense de la vie et contre La Colosa est fort, comme nous l’explique une camarade qui participe au Comité Environnemental et Paysan de Cajamarca.

« Quatre marches carnavals ont eu lieu à Ibagué, réunissant 30.000 personnes contre le projet de La Colosa et pour la défense de l’eau. Il y a eu également des séminaires et des veilles à Anaime, 2 rencontres d’ECOVIDA, qui ont permis à la population de s’informer de source sûre sur le projet, en effet l’entreprise qui changeait de nom au fil des années depuis plusieurs années différents noms n’avait jamais donné d’informations. Le 1er août de l’an passé une mobilisation nationale contre le rouleau compresseur énergético-minier a eu lieu et 1000 personnes se sont mobilisées à Cajamarca, ce qui est très significatif. On note aussi l’action populaire d’Usicoello, organisation qui regroupe les usagers paysans du Rio Coello, contre le projet minier… de cette rivière dépendent environ 800.000 personnes, donc l’impact de La Colosa est impressionnant. Le 22 février, les autorités municipales de Piedras, de l’ONIC, du CRIC, de l’Université de Tolima, de Fedearroz, des comités environnementaux, se sont mis d’accord et ont écouté un compte-rendu sur les préoccupations de la Contraloria (services du Contrôleur général de République) à propos des impacts environnementaux de ce mégaprojet… ce jour-là, le projet a été rejeté en bloc, et devant la quantité d’indicateurs de risques et la pression populaire, le gouverneur en personne a été obligé de prendre position contre le projet. Cette manifestation du 22 février a été très importante. Hier, 7 mars à l’Université Coopérative d’Ibagué, on comptait plus de 500 leaders communaux et sociaux, enseignants, environnementalistes et à l’unanimité La Colosa a été rejetée ».

Cette activité va de pair avec une importante tâche d’organisation qui renforce le tissu social de ces communautés, appuyée par des formes organisationnelles déjà présentes dans la zone, sous la forme de JAC, d’organisations syndicales et paysannes, de groupes de jeunes, de groupes environnementalistes etc. :

« Les paysans se sont organisés en comités environnementaux, comme le Comité Environnemental et paysan de Cajamarca qui regroupe 17 formes d’organisations territoriales, des leaders de Juntes d’action communale, des paysans, des environnementalistes… Nous sommes pour la défense de l’eau, de la souveraineté alimentaire et territoriale, ce n’est pas que nous ne voulions pas du progrès pour la région… il y a également le Comité environnemental pour la défense de la vie qui fonctionne à Ibagué, et le Comité environnemental du Sud de Tolima. Un autre Comité pour la défense de la rivière Opia, à Piedras, et là avec le soutien du maire et du conseil. On trouve aussi le Comité pour la défense de la rivière Lagunillas à El Libano. Dans toutes les municipalités, se développent des comités et des collectifs qui ont pris conscience que la lutte pour les prochaines années sera pour l’utilisation des terres, lutte sociale et environnementale, lutte d’autant plus si c’est une multinationale qui l’exploite en nous exploitant en même temps. Il est important de signaler qu’il existe aussi à Bogota un Comité Environnemental de Soutien à Tolima ».

Interrogée sur le potentiel que constitue la lutte d’Anaime dans le contexte actuel d’essor des luttes populaires en Colombie, la camarade poursuit :

« la région qui réunit Cundinamarca, Meta, Boyacá, Tolima, les frontières avec les régions de plaines et Quintio, les sorties vers le sud du pays, c’est central… disons que Tolima est l’épicentre du conflit social et territorial que connaît le pays : nous avons le plus grand projet minier de tout le continent, le problème des sept centrales hydroélectriques à Tolima, de l’infrastructure et des routes pour le TLE, la navigabilité du Magdalena, il y a plus de 5 bataillons de tout type dans la zone et la base militaire de Palenquero, de Puerto Salgar en accord avec les USA et toute l’aire de consolidation du sud de Tolima. Il y a une réorganisation du pays et cette zone centrale est la plateforme logistique, financière et de contrôle du conflit social parce que c’est ici que se trouve également le centre urbain du pays. Tolima prend une importance politique qu’elle a déjà eue à d’autres moments, notamment pendant la guerre des Mille jours (1899-1902) et la période de la Violence (1946-1966). Elle a aujourd’hui un rôle central au niveau financier et en termes de luttes sociales ».

Le Tolima est au cœur de la Colombie, dans une zone d’importance géostratégique, de par ses ressources minières et hydriques, d’une grande fertilité. Le département commence’ à être le théâtre de grandes mobilisations, des planteurs de café et des paysans, et d’opposition aux méga-projets miniers, extractifs et hydro-électriques. Le gouvernement connaît l’importance stratégique de cette région et pour cela il a transformé ce territoire en un important théâtre de la soi-disant « consolidation militaire ». Il ne tient pas compte cependant dans ses calculs de la force d’un peuple qui n’est disposé ni à se laisser écraser sous la botte des militaires ni à se faire aplatir par le rouleau compresseur minier. Ce qu’ils sont en train de démontrer dans la réalité par leur résistance.

José Antonio Gutiérrez D. (08-03-2013)Traduit par Pascale Cognet sur http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=9494

[1] http://www.polodemocratico.net/index.php?option=com_con…d=240
[2] Agua o Minería, un debate nacional, Tatiana Rodríguez y Danilo Urrea, CENSAT Agua Viva, 2011, p.4
[3] Colombia, Boletín Informativo No.18 de PBI Colombia, Noviembre de 2011, pp.4-5.
[4] http://www.semana.com/nacion/articulo/fisica-hambre/246…880-3
[5] http://www.dinero.com/actualidad/economia/articulo/el-m…69278
[6] Ahumada, Omar, El ‘boom’ apenas empieza en el país, El Tiempo (Suplemento ‘debes leer’), p.2, 2 de Diciembre, 2012
[7] http://www.prensarural.org/spip/spip.php?article6486 ; sobre los antecedentes de la violencia en el Nordeste Antioqueño ligada a la disputa por la riqueza aurífera, ver http://www.periferiaprensa.org/index.php/edicion-actual…queno
[8] http://www.portafolio.co/Especiales/Balance-gobierno-20…144-3
[9] Los Dueños del Oro, El Tiempo (Suplemento ‘debes leer’), p.3, 2 de Diciembre, 2012
[10] Ibid, Algunas mineras están negociando algunas de las 52 reales cédulas, para que no quede duda del tufillo colonial de la actual política de minas, las cuales serían explotables a perpetuidad.
[11] Ibid, p.4. Los campesinos de la región, sospechan que no sólo hay oro en La Colosa y que eso determina otra clase de intereses. Nos decía un campesino que “se sabe de buena fuente que ahí también hay uranio, que se lo llevan con escoltas para el aeropuerto”.
[12] Agua o Minería, p.8
[13] http://www.codhes.org/images/stories/pdf/bolet%C3%ADn%2…7.pdf
[14] http://www.eltiempo.com/politica/ARTICULO-WEB-NEW_NOTA_….html
[15] Agua o Minería, p.6.
[16] Colombia, p.3-6.
[17] http://www.elnuevodia.com.co/nuevodia/tolima/regional/1…s_3=2 ; http://www.elespectador.com/noticias/nacional/articulo-…ogold
[18] Agua o Minería, p.8

[Chile] Chronologie des évènements et communiqué concernant l’Espace Pandemia

nkn

[Suite et corrigé du précédent article]

L’objectif d’informer sur les faits ne sers pas à alimenter le spectacle, mais plutôt à éclairer sur ce qui se passe et dénoncer les flics dans leur assaut répressif ce matin là. Ce récit a été fait par les compagnons qui ont été dans les cages pour hommes, et malgré le fait que nous communiquions en criant, nous ne savons pas ce qu’ont ressenti les compagnonnes au moment d’être enfermées  et sur lesquelles pesait une pression psychologique de la part de ces bâtards de laquais. Aussi nous détachons Rodrigo Ovando de ce récit et ce communiqué vu qu’il ne faisait que passer sur les lieux au moment de l’assaut des flics.

Chronologie du harcèlement policier et de l’attaque du lieu

Aujourd’hui, le 30 mars 2013, après avoir été attaqués et séquestrés par l’État chilien, en tant qu’Espace Pandemia nous partageons avec les personnes en affinité et les autres la chronologie des faits qui se sont terminés par l’enfermement de 5 compagnon-ne-s dans les centres d’extermination de Temuco.

– Comme nous l’avions signalé dans le communiqué du 26 mars dernier, le harcèlement de l’Espace et de ceux qui le visitent et sont actifs dedans a été relativement grossier, vu que les contrôles d’identité, filatures, visites de la PDI (NdT : Police D’Investigation) et de la police avec l’excuse d’usurpation de lieu et des questions aux voisins rendaient compte du désespoir du ministère public pour trouver des pistes qui n’existent pas et des terroristes qui n’ont existé nulle part.

Nous n’arrêterons pas de dénoncer la collusion existante entre les agents du pouvoir et l’entreprise de sécurité qui travaille pour l’Unimarc (supermarché situé au coin de la rue) vu qu’ils ont activement collaboré en douce au harcèlement, surveillant en permanence nos activités quotidiennes, allées et venues et personnes qui visitaient l’espace.

L’Attaque

Ainsi le matin du 28 mars vers 5:30, au 299 rue Sans Ernesto, l’espace Pandemia et le secteur Amanecer ont été assaillis par le GOPE (NdT : Groupe d’Opérations Policières Spéciales) et la police en civil, avec un contingent policier disproportionné ils ont mené à bien l’opération répressive, vidant la maison par la force et laissant 12 chats dedans. À la suite de ça ces bâtards de flics nous ont fouillé à visage couvert nous effrayant avec leur fusils et habits de guerre.

Nous signalons que l’assaut a eu lieu sans montrer aucun mandat juridique. Ensuite ils nous ont fait monter dans les camions de flics et nous ont amené au 8° commissariat de Temuco où nous avons passé les 26 heures restantes avant d’arriver au tribunal de sûreté de cette maudite ville.

Enlèvement et humiliation

Nous sommes donc arrivés au commissariat entourés d’un énorme contingent policier, ils nous ont dépouillé de nos biens et sans nous informer de la raison de notre détention ils ont commencé à nous humilier de manière vicieuse.
Insultes, interdiction d’aller aux toilettes, refus de visites et l’incertitude permanente sur la raison de notre détention sont les raisons qui nous font dire que nous avons été séquestrés, et c’est pour cela que nous avons refusé de donner nos identités, vu que dans le cas contraire nous nous exposions à la figure du montage de la part du ministère public.

Au bout de huit heures le procureur bourreau Miguel Angel Velásquez nous informa que les 12 détenus passions sous la loi de contrôle des armes et explosifs, et aussi pour infraction à la loi sur les drogues. À la suite de ça, et sous le cirque policier et le harcèlement opportuniste de la presse bourgeoise, ils nous ont amené à l’hôpital régional pour faire le constat de nos lésions. De retour au 8° commissariat ils nous ont mis dans des cellules, nous maintenant isolés jusqu’à 17h, où ils ont permis les visites et qu’on nous donne de la nourriture et des habits.

Ensuite, escortés par les forces spéciales ils nous ont amené un par un là où se trouvait la boniche de LABOCAR et 7 bâtards des forces spéciales, tous dirigés par le chef du commissariat. Là on nous a expliqué que le tribunal de sûreté avait donné l’ordre d’effectuer une prise d’ADN, qui se compose d’un échantillon de sang et l’enregistrement de nos empreintes digitales. « Volontaire ou de force », étaient les mots du flic. Ils ont fait les prélèvements et pas tous le monde a signé la légalité de l’expertise.

À la nuit tombée ils nous ont laissé enfermés dans leurs cages sans pouvoir aller aux toilettes jusqu’au jour suivant, et aux alentours de 2 heures Roxana Marí, compagnonne enceinte de 5 mois présenta selon l’hôpital/prison un déplacement dans le placenta. Les flics ont laissé trainer avant de s’occuper d’elle, et à cette même heure on nous informa que 7 d’entre nous passeraient devant le ministère public seulement pour dissimulation d’identité.

Le jour suivant ils nous ont transféré au tribunal de sûreté, vers 07heures pour passer le contrôle de détention réalisé à 13:30, laissant en prison préventive 5 des 12 compagnon-ne-s séquestré-e-s dans l’opération menée le 28 mars.

COMMUNIQUÉ

Aujourd’hui le 30 mars 2013, et à la suite de l’attaque contre l’espace Pandemia et des maisons particulières, et l’emprisonnement conséquent de 5 compagnon-ne-s, les personnes faisant partie de l’espace Pandemia ont décidé de déclarer ce qui suit :

1.- Nous dénonçons l’État chilien et ceux qui se servent de lui pour poursuivre, réprimer et emprisonner ceux qui se positionnent en tant que dissidents du pouvoir et de l’autorité. Nous rejetons la victimisation comme outil de propagande, mettant au clair qu’ici il n’y a ni coupables ni innocents, mais seulement le résultat d’années de persécution contre ceux qui luttent.

2.- Nous précisons que la dissimulation d’identité a été notre outil au moment de faire face à l’autoritarisme entre les mains des gardiens de l’ordre dans le commissariat, vu que dans la maison on ne nous a fait aucun contrôle d’identité et qu’on nous a de suite amené au 8° commissariat. Nous dénonçons le vol de : ordinateurs, livres, clés usb, téléphones portables, vestes, sous-vêtements, enregistreur audio, cuisinière de camping avec sa bouteille de butane et ses casseroles, des chaussettes, des chaussures et des chaussons, des cartes mémoires, du tabac, des cahiers, des agendas, et 70.000 pesos au total.

3.- Nous dénonçons le montage politico-juridico-médiatique déchaîné en plein milieu de la célébration du jour du jeune combattant.
Politique : vu que le gouvernement dans sa course à l’exemple a comme objectif d’inventer des ennemis et des punitions, dans l’intention de maintenir la paix et l’ordre social proposé par les puissant-e-s.
Juridique : puisqu’au vu de l’échec du Caso Bombas, et considérant le contexte répressif de la zone, les procureurs et l’intendance ne se lassent pas de chercher à arracher la liberté à ceux qui affrontent l’État et ses lois.
Médiatique : puisque historiquement la presse bourgeoise a été l’outil exclusif des puissant-e-s au moment de criminaliser, poursuivre et emprisonner des compagnon-ne-s.

4.- Enfin, nous lançons un appel aux personnes en affinité avec nous afin de se solidariser avec les compagnon-ne-s séquestré-e-s par l’État carcéral, en sachant que les 5 compagnon-ne-s sont accusé-e-s de différentes choses, au sein d’un même montage. Nous informons que nous serons irréductibles dans la propagation des idées/pratiques qui nous mènent à la récupération de nos vies, malgré le harcèlement permanent de la police bâtarde.

ESPACE PANDEMIA

LIBERTÉ POUR LES PRISONNIÈR-E-S DU 28 MARS !!
LES MONTAGES CONTINUENT, LES PROCUREURS CHANGENT !

NdT :

liste des personnes emprisonnées :
– Roxana Marín Laurie (enceinte de 5 mois)
Prison préventive dans la prison de femmes de Temuco, 5 mois d’enquête sous la loi de contrôle des armes et explosifs.

– Ariadna Torres Torres
Prison préventive dans la prison de femmes de Temuco, 5 mois d’enquête sous la loi de contrôle des armes et explosifs.

– Yaritza Grandón Paredes
Prison préventive dans la prison de femmes de Temuco, 5 mois d’enquête sous la loi de contrôle des armes et explosifs.

– Silvana Lamilla
Prison préventive dans la prison de femmes de Temuco, 3 mois d’enquête sous la loi 20.000, loi sur le trafic illicite de stupéfiants et substances psychotropes.

– Jota Pe
Prison préventive dans la prison de Temuco, 3 mois d’enquête sous la loi 20.000, loi sur le trafic illicite de stupéfiants et substances psychotropes.

L’avocat des trois compagnonnes accusées de fabrication et placement d’explosif a signalé qu’initialement le rapport de police déclare n’avoir rien trouvé dans le centre social, mais par la suite, lorsqu’aucun témoin n’était présent, ils ont soi-disant trouvé les dispositifs explosifs. Au sujet des deux personnes accusées de détention de cannabis, l’une des deux est straight-edge.

source : http://fr.contrainfo.espiv.net/2013/04/02/temuco-chili-chronologie-des-evenements-et-communique/#more-7094

[Chile] Nouveau montage policier à Temuco

Le 28 mars 2013, dans la ville de Temuco aux alentours de 06 heures du matin a commencé une opération menée par l’OS-9 et les forces spéciales, réalisée autour de deux maisons particulières voisines, l’une d’entre elles étant l’espace Pandemia.

Une heure plus tard la force répressive rentre dans ces deux maisons, avec l’intention de séquestrer nos compagnon-ne-s, saisissant des objets personnels, des ordinateurs, des disques durs, de l’équipement audio, entres autres choses ; et afin de monter leur pièce de théâtre ils introduisent du matériel pour fabriquer des engins explosifs (extincteur, mèche, minuteur, poudre noire), terminant l’opération par la détention de 12 compagnon-ne-s, qui sont transférés au huitième commissariat de Temuco.

Face à ces faits nous déclarons :

1- le 26 mars les compagnon-ne-s de l’espace Pandemia avaient dénoncé au travers d’un communiqué le harcèlement permanent de l’État oppresseur grâce à ses différents organismes policiers.

2- Nous trouvons que ces faits sont absurdes et nous faisons le lien avec des montages policiers précédents comme celui du Caso Bombas de Santiago, lequel, après des mois d’enquête et d’emprisonnement de compagnon-ne-s, s’est écroulé pour faute de preuves. Tous ces subterfuges de l’État chilien servent à justifier la terreur et la violence dans une région marquée par une opération préventive/répressive pour la commémoration du 29 mars, jour du jeune combattant.

3- D’autre part il faut signaler que le procureur en charge de ce nouveau montage est Cristian Paredes, le même personnage qui avait mené le Caso Poluco Pidenco en 2004, où des paysans mapuches avaient été emprisonnés.

4- Il faut aussi remarquer que l’espace Pandemia est un lieu où se realisent des activités publiques et ouvertes, où est mise en avant la solidarité avec les compagnon-ne-s séquestré-e-s par l’État, et où il y a une volonté de diffuser des idées et pratiques anti-autoritaires.

5- Ce qui est poursuivi et criminalisé ici ce sont les idées promues dans cet espace et les individus qui se sentent en affinité avec ces idées, fabricant des preuves et essayant de terroriser ceux qui s’opposent au capital et ses lois.

6- Nous informons qu’au cours de l’après-midi du 28 nos compagnon-ne-s ont été forcé-e-s de faire un examen de sang.

7- Nous exigeons la liberté immédiate de nos compagnon-ne-s séquestré-é-s et lançons un appel à la solidarité et diffusion sur ce montage par tous les moyens indépendants.

Groupe d’appui des prisonniers du 28-M

NdT : Sur les douze personnes arrêtées trois sont en prison préventive pour confection et port de matériel explosif et 6 compagnon-ne-s relâché-e-s vont devoir payer une amende.

source : http://fr.contrainfo.espiv.net/2013/03/30/temuco-chili-nouveau-montage-policier/

[Perú] Des indigènes accusés de terroristes pour vouloir sauvegarder leur terre

16631Depuis décembre, dans la sierra du nord du Pérou, la communauté indigène de San Juan de Cañaris, dans la province Ferreñafe, est amenée à lutter contre un projet minier. Ces derniers rejettent radicalement le projet d’extraction à ciel ouvert. En janvier, ils ont protesté en bloquant la voie d’accès au campement de la mine de Candente Copper. La police, se croit sûrement en pleine guerre civile, n’a pas pu se retenir de tirer sur la foule. Au total, pas de morts mais tout de même certains manifestants qui resteront handicapés. Les revendications des quechuas, restent pourtant simples et cohérentes, sans aucune menace envers le gouvernement :

Nous cherchons seulement la protection de l’eau, des bois et la santé de milliers d’habitants qui vivent dans une extrême pauvreté. L’exploitation minière contaminera les rivières Cañariaco et Huallabamba, entre autres”

Pour “tenter” de régler le problème, le gouvernement a donc décider de convier la mine et les habitants autour d’une table tripartite de travail ; Cependant, lors des deux dernières réunions, les principaux points de discorde n’ont pas été abordés et le gouvernement et les habitants se voient dans un conflit de plus en plus profond. En janvier, la situation de conflit entre les deux entités a démarrée très fort:

Le gouvernement central, lamentablement nous traite pratiquement de terroristes. Nous ne sommes d’aucune façon des terroristes, nous sommes des personnes qui exigent leur droits”

Mais le droit de quoi ? Aux yeux du gouvernement, l’argent est plus fort, et comme depuis plus de 500 ans, les indigènes doivent subir, donner leur terre, accepter un esclavagisme aujourd’hui caché sous la notion de classe ouvrière. Qu’il est facile de prendre à ceux qui non rien pour assouvir un désir de pouvoir. Asservir les hommes, comme on asservi la nature, dociliser ce qui est “sauvage”… et pourtant Bolívar a amené l’indépendance et a libéré ce pays de l’envahisseur espagnol ou n’est qu’une légende populaire ?

Aujourd’hui, 18 projets miniers se sont installés sur des terres indigènes, les projets d’exploitations d’hydrocarbures sont encore plus nombreux. Les conflits sociaux s’intensifient, selon un billet d’information en février, 89 sont en processus de “dialogue”, 46 d’entre eux sont issu d’un conflit violent comme ce fut le cas en janvier à Cañaris. Des 222 conflits enregistrés en février, 147 sont des conflits sociaux et environnementaux.

Ce qui paraît plus affolant concernant ses violences policières, c’est que depuis 2011, le gouvernement a promulgué une loi permettant la consultation des peuples indigènes lors d’une implantation au sein de leurs terres mais aucune consultation n’a été encore effectuée. La semaine dernière, le gouvernement, un peu tardivement, a publié un guide des procédés administratif à adopter pour appliquer la loi, mais la liste officielle des peuples indigènes qui pourront bénéficier de cette loi n’a pas été rendue publique.

Parce que bien entendu, une loi permettant aux indigènes d’acquérir de vrais droits sociaux est encore inimaginable dans l’esprit étroit des capitalistes au pouvoir. Dans quel but feraient-ils cela ? Quels avantages pourraient-il en tirer ?

La table de travail créée par le gouvernement a été mise en place autour de deux thèmes majeurs : le développement et l’activité minière. Pour ce qui est de la dernière, lors de la session du 4 mars, le gouvernement décida à la suite de deux votes la validité du projet. Sur ces deux votes, aucun en fut organisé par le gouvernement, le dernier n’eut même pas la participation de celui-ci, ces représentants restèrent à des postes d’observateurs. Un vote en juillet 2012 compta 500 participants et 70% d’entre eux se prononcèrent pour le projet, en septembre, 1 896 personnes furent présentes et 1 719 votèrent contre.

La session de samedi, qui eut lieu au Colisée de Cañaris, proposa un nouveau vote prévu en mai pour l’accord de délivraison de permis ou non à Candente Copper pour poursuivre ses opérations.

Lors des deux dernières sessions, le comportement des hauts fonctionnaires du ministère de l’Énergie et des Mines et de la présidence du Conseil des Ministres, attira l’attention. La réunion du 2 mars, avait été programmé près d’un mois à l’avance par les habitants de Cañaris, mais la veille au soir, les représentants de l’État modifièrent le lieu de la rencontre, ils avisèrent la presse mais pas les indigènes qui les attendirent avec une cérémonie de bienvenue et parés de leurs costumes folkloriques. Les habitants arrivèrent tard au nouveau point de rendez-vous et se sentirent profondément maltraités. Quoi de plus normal après s’être fait humilié par son gouvernement qui pour clairement esquiver un conflit se comporte de manière puérile et irrespectueuse ?

Ce samedi à Cañaris, le président communal sortant Cristóbal Barrios, et son successeur Florentino Barrios, ont rencontés des difficultés pour rejoindre le Colisée. Ils finirent par rejoindre la réunion mais Rosa Sara, membre du conseil municipal et dirigeante de groupe de femmes de Cañaris, n’a pas pu se joindre à eux car on l’empêcha de rentrer.

Nous nous sommes retirés car ce n’était pas convenable de en pas être au complet” expliqua plus tard par téléphone Florentino Barrios, Cristóbal Barrios renchérira par ces mots : “ils nous nous ont jeté de notre propre maison !”

Mais selon Fernando Castillo, du Ministère de l’Énergie et des Mines, les dirigeants de Cañaris ont pris la “décision unilatérale de ne pas participer à la réunion”.

Néanmoins, à cette date, le gouvernement a utilisé des recours administratifs pour le moins contradictoires, de plus, il ne fait que s’incliner devant l’entreprise minière canadienne.

La tension monte et le gouvernement en prend toujours pas de décisions officielles…

Quand pourra-t-on espérer un respect des peuples et de la nature ?

Les indigènes continuent et doivent continuer de se battre, à nous de les soutenir et de les rejoindre !

Sources : http://www.noalamina.org/mineria-latinoamerica/mineria-peru/desmienten-que-exterroristas-dirijan-protesta-antiminera-en-canaris

http://internacional.elpais.com/internacional/2013/04/08/actualidad/1365372367_034355.html

Photos (janvier): http://minacorrupta.wordpress.com/2013/01/25/san-juan-de-canaris-un-pueblo-acusado-de-terrorista-por-defender-su-tierra/

[Argentina] Déclaration de José Paredes, Prisonnier politique de Bariloche

José Parades est militant du Mouvement Social et Coopératif du 1 er Mayo, il est prisonnier politique depuis quasiment trois mois

bariloche_presxs

Dictature d’hier… Démocratie aujourd’hui… Toujours la répression

Hier, je me suis remémoré l’année 1977, année de ma naissance mais pas dans un berceau en or. Mes parents avaient déjà eu mon grand frère (de deux ans mon aîné) et le quinze août, ma mère me mit au monde, sans savoir qu’un an plus tard elle laissera sa vie pour Sergio et Marta. Mon père fut séquestré par la dictature et ma mère aussi en quelque sorte, avec deux enfants en bas âge. C’est alors que commença un calvaire éternel pour eux comme pour nous. Tortures et humiliations de tous types, et comme si ce n’était pas assez, le déracinement familial. Mon père est extradé au Chili, pays duquel il avait déjà fuit d’une autre dictature quand il avait treize ans.

Il lui fallu plusieurs mois pour revenir -m’a dit ma mère- et j’ai grandi avec une colère permanente, pensant à ce que nous avions vécu. Nous allions à l’école avec des sandales cassées et des vêtements usés que l’on nous donnait, que ma mère rendaient comme neufs. Ce n’est pas un reproche que je fais à mes parents, mais montrer comment est la vie des pauvres.

Déjà à mes dix ans, je rêvais d’une vie moins difficile, je me rappelle aujourd’hui, d’un barbecue que nous avions mangé avec d’autres enfants de la déchetterie Viedma, ville où je suis né. Ce jour là, La Anónima jetait ses ordures, mais au lieu de les offrir et ne pas les contaminer, elle les jetait pour que l’on les mange comme des chiens. Nous rassemblions du cuivre, du verre, tout ce que nous pouvions vendre pour avoir de l’argent que nous allions dépenser dans ce monde de consommation.
Plus tard, adolescent, j’ai commencé à travailler à douze, treize ans, d’abord aux champs, puis à l’usine. À 17 ans j’étais déjà maçon et bientôt capable de faire n’importe quel travail. À l’usine j’ai souffert de l’exploitation salariale. J’ai travaillé pour des clous et dans beaucoup d’occasions, je n’étais pas rémunéré, il m’ont simplement baiser. Puis vient le moment de subir le chômage. Jeune et avec l’envie de me faire des amis de mon âge, l’entrepôt m’a captivé. Boire des bières et prendre de la drogue apaisaient mes anxiétés pour un monde meilleur. J’ai eu du mal de rester à ma place, mais l’idée d’un changement m’a maintenu vers mes idéaux et j’ai pu comprendre la réalité qui nous entoure.

J’ai pu sortir du piège que nous tend quotidiennement le pouvoir politique, permettant les drogues et l’alcool pour les jeunes qui laissent toutes leurs inspirations et se convertissent en des victimes faciles du clientélisme. À 22 ans et un long chemin à parcourir, je me suis aventuré à Bariloche et j’ai connu Noelia, qui peu de temps après est devenu ma compagnonne de vie. Nous avons commencer à construire une vie ensemble et penser à une famille qui arrivera bientôt.

Sont arrivés mes enfants Esmeralda et Agustín et j’ai compris la difficulté qu’ont mes parents. Et bien sûr, avec deux enfants et sans travail, chercher tout ce qui est possible pour faire vivre la famille. Puis sont arrivés Eragon et Joselin mes fils cadets. Sans travail, la nécessité de générer des postes s’est faite incessante et je suis devenu un combattant social, aujourd’hui je suis prisonnier pour avoir lutté, dans le pays des droits de l’Homme, pour réclamer ce qui devrait nous être donné de droit, une vie digne. Comme mon père, j’ai subit le déracinement familial et eux de moi, sauf que cette fois durant la « démocratie ». Vivre de nouveau la dictature, c’est ce qui attend les combattants sociaux.

Sans mes enfants, je le vis très mal et je me sens mourir de ne pas être avec eux, tout en sachant leur besoin. La seule chose qui me rassure c’est que Noe est une excellente mère et combattante qui prendra soin d’eux. Je vous aime ma famille. Pour cette raisons, « Monsieur » le gouverneur Weretilneck: Nous ne somme pas des délinquants, mais marginalisés, prisonniers politiques, prisonniers d’une réalité que vous avez aidé à construire et vous le savez. Nous sommes incarcérés sans aucune preuve et pour une raison exagérée. Pour le blocage d’une route en 2011 et l’origine d’un saccage vous nous accusez de vol en bande organisée, avec utilisation d’armes non conventionnelles (pierres), extorsion, violence et atteinte à l’autorité, dommages à la propriété privée…

Liberté pour les 5 prisonniers politiques de Bariloche. Arrêt des tortures psychologiques envers les familles. Arrêt des représailles pour l’obtention d’information. Nous voulons du travail pas des barreaux ! Nous voulons un accès à l’éducation, à la santé, une vie digne ! Pour des enfants le droit à une enfance, pour la justice social, plus de répression et de torture dans les prisons et les rues. Pour une famille unie et digne. Pour l’autogestion. Pour le début de la fin.

Santé et Liberté !!!

José Paredes – combattant social

 

Déclaration traduit par nos soins

 

source : http://presospoliticosbariloche.blogspot.com.ar

[Argentina] Contre la famine et le chômage, déclaration de la FOB

460_0___30_0_0_0_0_0_plandeluchafob

Nous vivons une réalité angoissante dans les quartiers des différentes provinces et localités, qui chaque fois nous frappe de plus en plus. Les politiciens et hauts fonctionnaires ont augmenté leur salaire de 130 % et nous nous devons subir la croissante inflation et le manque de travail, et comme réponse de l’État face à la faim et le chômage, la répression et l’emprisonnement pour ceux qui exigent une vie digne, comme ce fut le cas pour les piqueter@s1 de la Coopérative du 1er Mai, aujourd’hui détenu.e.s à Bariloche.

Dans le contexte d’une année électorale, le gouvernement national prévoit le «soutien» illimités aux groupes – avec les claires intentions de garder leurs statistiques de vote – Par ailleurs, et avec l’objectif de les délégitimer et les criminaliser, nous nous organisons pour lutter pour nos droits, nous qui travaillons sur les bases de la démocratie directe, la participation, l’autogestion, l’égalité et l’indépendance organisationnelle, nous sommes discriminés et nous n’avons pas la possibilité de travailler dignement pour amener du pain à nos foyers.

À Rosario et le Grand Rosario jamais est arrivé le plan « Argentine Travail »2, ni aucun type de programme de travail digne. Nous nous demandons si sous une décision de l’État, cette région dû subir la principale vague de saccage des dernières années, en décembre passé, et le développement d’un fléau dont souffre l’Argentine : le narcotrafic. Nous sommes l’une des rares organisations qui affronte la situation dans les quartiers, mais chaque jour, en l’absence d’une véritable alternative de travail, les gosses partent chercher un «boulot» au près des narcotrafiquants et la police qui supervisent les activités. D’autant plus que nous, les militants territoriaux, nous avons souffert directement, dans certains quartiers, de l’oppression et malheureusement de l’assassinat, l’an passé, de trois gosses de Villa Moreno et Mecha Ludueña, par les narcos et avec une totale impunité policière.

Nous comprenons, dans ce contexte, la façon dont l’État promeut indirectement ou directement la fuite des gosses envers le travail en coopérative pour basculer vers une mort certaine comme soldats du narcotrafic et de la police.
À Córdoba se sont fait ressentir les terribles conséquences de la dispute électorale de cette année entre le gouvernement provincial et national. Une tension politique qui se répercute sur ceux/celles d’en bas. La politique sociale se résume par le vote, de façon que les pauvres ne soit qu’un pourcentage, pour le gouvernement, dans les urnes. Mais nous sommes des personnes et nous avons des nécessités basiques qui résident non résolues. La situation de précarité que nous vivons est la politique de l’État. L’innocence de l’État est un mensonge. Contre la famine, le gouvernement national offre aux familles, de notre organisation, $80 mensuels alors que le kilo de pain est à $15 . Nos familles sont composées de chômeu.r.s.e.s. qui en général ont plus de 5 enfants.

Dans un même temps, l’État provincial, loin de monter une politique combattant la pauvreté, monte une guerre contre nous, les pauvres. Ils survolent nos maisons avec des hélicoptères, qui nous éclairèrent quand nous marchons dans la rue ou nous scrutent par nos fenêtres. Envoi l’infanterie dans notre quartier et nos maisons.

Quand il nous est donné le peu de miette qui est tombé de la table du gouvernement provincial, il ne peu être dit que leur charité est pas suffisante pour vaincre la famine. Les riches, loin d’avoir moins, ont toujours plus et cela est clair pour ceux qui gouvernent le peuple.

Dans notre organisation, nous résolvons les nécessité les plus urgentes avec ce que l’on peut, quand en réalité, les fonds publics devraient aussi être les nôtres. Nous organisons des pique-nique et des repas.Dans un même temps, nous nous sommes entraînés à différents corps de métiers. Mais nos coopératives ne disposent pas des outils nécessaires pour le nombre croissant de compañer@s, pour lesquels nous exigeons la livraison immédiate de nourriture et des machines de travail.

À Chaco, l’une des provinces les plus pauvres du pays, le gouvernement kirchneriste de Capitanich3 ne tient pas compte des réclamations des organisations qui ne vont pas dans le sens du gouvernement, non pas seulement la Fédération de Base des Organisations, mais aussi les fonctionnaires de base, les enseignants, qui sont réprimés et criminalisés pour le soutien qu’ils apportent aux organismes de lutte. Mais aussi les peuples originels ne sont pas écoutés : alors que le gouvernement pratique le clientélisme à travers ses pointeurs, il ne répond pas aux demandes réitérées de terres pour les habitants des quartiers de Mapic et Tacay. C’est d’autant plus alarmant, à l’intérieur de la province, car de nombreuses personnes sont assassinées par des groupes armés racistes ou décimées par des maladies curables. Pour toutes ces raisons, avec la FOB de Chaco, nous nous mobilisons pour exiger une assistance alimentaire pour les repas que nous organisons dans 4 quartiers des villes de Resistencia et Tirol, en parallèle des travaux d’amélioration de quartier que nous développons comme une forme de lutte contre la faim et le chômage.

Dans la province de Buenos Aires, les conséquences de l’accroissement de la précarisation de la vie, que nous considérons comme une partie de la politique de l’État, ajouté au contexte électoral constituent un an où une fois de plus les nécessités de ceux d’en bas sont une monnaie d’échange pour pouvoir perpétuer un mandat de gestion nationale. Dans les dernières semaines il a été annoncé l’apparition de nouveaux programmes de travail qui rappellent les grandes promesses de 2009″. […]

L’augmentation du coût de la vie, l’inflation et l’augmentation du chômage, le surpeuplement des bidonvilles et leur implantation, l’augmentation des loyers et le manque de politique du logement poussent ceux qui sont les plus démunis aux marges du second ou troisième cordon des banlieues.

Enfin et avec la même intensité que dans le reste des provinces du pays, la croissante criminalisation, les poursuites et procès qu’encourent ceux et celles qui décident de lutter pour leurs droits, démontre que même s’ils s’efforcent de la nier, la politique de l’État à cet égard s’est intensifiée ces dernières années.
La preuve de cette croissante criminalisation est l’élection du secrétaire de la Sécurité, ancien sénateur, Sergio Berni au Ministère de la Sécurité en coordination avec les Ministère du Travail et du Développement Social, où il est déjà vice-ministre, pour « résoudre » les protestations et réclamations sociales. De par leur volonté eux les sœurs Jaras ont été jeté en prison alors qu’elles se défendaient contre un violeur ; les inculpés dans l’affaire Marita Veron4, ont été acquittés, alors que c’est une des situations de traite les plus pragmatique de ces dernières années ; la non-condamnation des responsable de la mort de Mariano Ferreyra, assassiné par des groupes armés à l’aide des syndicats et de l’État, pour avoir lutté pour des meilleures conditions de travail ; l’enferment sans cause valable, ni preuves de 5 militants de la lutte sociale à Bariloche, un des cas les plus exemplaires sur l’invention de causes et de preuves de la part de l’État, qui établissent une relation de force local ou nationale pour continuer à monopoliser avec ou sans consensus social.

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé, membres de la Fédération des Organisations de Base, de sortir dans toutes les rues des villes et régions du pays, ensemble avec ceux et celles qui luttent comme nous pour dénoncer, être visibles et exiger notre droit et garantie à une vie digne et respectée.

Plus de famine et de chômage !!

Plus de répression, de criminalisation et de justice tronquée face à la protestation sociale !!

Nous avons le droit à une vie digne, sans la mendier, en l’exigeant, la réclamant, la conquérant et l’appliquant !!

Vive ceux et celles qui luttent !!!

Federación de Organizaciones de Base (FOB)

 

Déclaration traduite par nos soins

source : http://www.fob.org.ar

1Les piqueter@s ont pour action le blocage d’axes routiers pour que leurs revendications soient entendues.

2Plan mis en place par le ministère de développement social ayant pour but la création d’emplois et l’exécution de travaux au bénéfice de la communauté dans les secteurs les plus en difficultés et favoriser leur insertion par, par exemple, le travail en coopérative.

3Jorge Capitanich est le gouverneur de la province de Chaco, il est membre du parti justicialiste, parti de la présidente argentine Cristina Kirchner.

 4Disparue le 8 février 2012. L’enlèvement à été mis en relation avec un trafic d’êtres humains et de la prostitution forcée.

[México] Détention illégitime de Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes

david

Depuis ce jeudi 28 mars, Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes, ont été placés en détention sans raison légitime.

Au Mexique, la détention politique est un fait quotidien, une punition, un moyen de pression sur les familles, les communautés ou les organisations. Il est fréquent que l’enfermement ne dure pas plus d’une journée. Ce moyen de terreur n’est bien entendu pas pratiqué envers ceux qui vivent de la corruption ou de la domination, non, ceux-ci connaissent gloire, succès et richesse, ceux qui sont affectés par cet abus de justice sont ceux qui osent élever la voix, revendiquer et réclamer droits, dénoncer des injustices et des crimes. Oaxaca, Chiapas, Guerrero sont les zones les plus touchées par ce fléau carcéral.

En 2006, à Juchitán, dans la vallée de Oaxaca, naît Radio Totopo, pionnière des médias libres communautaires et représentant le peuple mexicain. Pour répondre à cette création, les autorités ne sortiront pas les costumes du dimanche pour son inauguration mais placeront en détention Carlos Sánchez, colonne vertébral du projet et fervent défenseur de son peuple, luttant contre les violences et les décisions arbitraires prisent contre les paysans et les indigènes de la province de Oaxaca.

Et voilà qu’aujourd’hui deux nouveaux compañeros subissent le même sort toujours à Oaxaca, accusés à tort d’avoir voler un chauffeur de taxi. Leur incarcération s’est faite sans une seule explication, de manière totalement arbitraire, sous la contestation de leurs voisins et dans une grande violence : David Venegas Reyes est frappé au visage, dos et à la poitrine par un agent durant le trajet jusqu’à la maison d’arrêt, puis, une fois sur place il est de nouveau victime de coups portés au visage et dans l’estomac.

Les deux compañeros sont ensuite séparés et transférés dans des centres de détention différents. C’est alors, le 29 mars, qu’ils seront informés de leur chef d’inculpation à savoir vol aggravé de violence, envers un chauffeur de taxi, qui à la base les avaient agressé pour les voler.

Les autorités, quant à elles, assument leurs accusations, et démentent les violences policières dont ont été victimes les accusés ; les forces de l’ordre sont même allées jusqu’à mentir publiquement quant à l’arrestation des prévenus, affirmant les avoir interpellé en flagrant délit de vol et d’agression envers le chauffeur.

Lors de leur transfert vers le pénitencier central de l’État, les accusations envers David Venegas Reyes s’intensifient, une second chef d’inculpation le rend coupable de violences envers Griselda Gomez Lorenzana et d’autres dirigeants priistes1, lors de la marche du 2 décembre passé contre l’arrivée à la présidence mexicaine de Enrique Peña Nieto, membre du PRI. Ces dernières ont elles-même agressé le prévenu qui lui à répondu aux violences qui lui étaient infligées.

La lutte contre le PRI, est l’une des préoccupation de Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes et de leur organisation. Le PRI assume depuis la révolution mexicaine une politique néolibérale, de privatisation et délocalisation. Le gouvernement agit comme un garrot, défendant les intérêts du PRI, enfermant ou éliminant ses opposants politiques. Depuis 2006, 26 personnes ont été assassinés dans la région de Oaxaca, militants de la section XXII mais aussi habitants de Oaxaca, sous le joug du gouverneur d’État Ulises Ruiz Ortiz, membre bien sûr du PRI.

Le 30 mars, pendant l’inspection, ou plutôt humiliation, quotidienne, les prévenus et les autres détenus ont été entièrement dénudés et ont subit un touché rectal pour une vérification, au cas où certains y cacheraient des stupéfiants. Drogues qui comme par enchantement se trouvaient dans leur cellule là où les seuls objets qu’ils possédaient étaient du papier hygiénique et un livre.

Depuis, il ne leur est plus permit de sortir de leur cellule si ce n’est que deux fois par jour pour se laver et aller aux toilettes.

Le 31 mars, les accusés ont été placés au pénitencier de Oaxaca à Santa María Ixcotel, mais au lieu d’intégrer l’aire de réclusion préventive, les autorités les ont placé dans l’aire des « séjours longue durée ».

Il est tant de réagir face à cette répression que subissent les habitants de la province de Oaxaca, ce même peuple qui durant 500 ans n’a cessé de résister, les inculpés lancent aujourd’hui un appel urgent à la fraternité à toutes les personnes ou organisations qui partagent cette envie de justice, un appel amenant à se solidariser activement pour se libérer physiquement. D’autant plus que les dirigeants sont certains que le mouvement se fragilise et est incapable de se rebeller contre le pouvoir en place.

Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes lancent également un autre appelvaux organisations défendant les droits de l’Homme, vis à vis des conditions carcérale du pénitencier de Santa Maria Ixcotel de Oaxaca. Ils ne demandent aucun traitement de faveur, ni privilèges mais exigent l’arrêt des humiliations qu’ils endurent. Ils se sentent prêt à affronter les accusations du gouvernement et à lutter contre la répression exercée par les priistes sur le peuple et les communautés.


Article ayant pris pour sources le communiqué et appel lancé par Feliciano Efrén Hernández Pablo et David Venegas Reyes depuis leur cellule mais aussi un article relatant de la répression dans les régions de Oaxaca, Chiapas et Guerrero:

http://zapateando.wordpress.com/2013/04/05/presos-por-defender-a-sus-pueblos-su-tierra-la-dignidad-de-oaxaca-y-de-mexico/
http://www.anarkismo.net/article/25260

 


1Le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) est un parti politique social-démocrate, affilié à l’internationale socialiste.