[Argentina] Déclaration de José Paredes, Prisonnier politique de Bariloche

José Parades est militant du Mouvement Social et Coopératif du 1 er Mayo, il est prisonnier politique depuis quasiment trois mois

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Dictature d’hier… Démocratie aujourd’hui… Toujours la répression

Hier, je me suis remémoré l’année 1977, année de ma naissance mais pas dans un berceau en or. Mes parents avaient déjà eu mon grand frère (de deux ans mon aîné) et le quinze août, ma mère me mit au monde, sans savoir qu’un an plus tard elle laissera sa vie pour Sergio et Marta. Mon père fut séquestré par la dictature et ma mère aussi en quelque sorte, avec deux enfants en bas âge. C’est alors que commença un calvaire éternel pour eux comme pour nous. Tortures et humiliations de tous types, et comme si ce n’était pas assez, le déracinement familial. Mon père est extradé au Chili, pays duquel il avait déjà fuit d’une autre dictature quand il avait treize ans.

Il lui fallu plusieurs mois pour revenir -m’a dit ma mère- et j’ai grandi avec une colère permanente, pensant à ce que nous avions vécu. Nous allions à l’école avec des sandales cassées et des vêtements usés que l’on nous donnait, que ma mère rendaient comme neufs. Ce n’est pas un reproche que je fais à mes parents, mais montrer comment est la vie des pauvres.

Déjà à mes dix ans, je rêvais d’une vie moins difficile, je me rappelle aujourd’hui, d’un barbecue que nous avions mangé avec d’autres enfants de la déchetterie Viedma, ville où je suis né. Ce jour là, La Anónima jetait ses ordures, mais au lieu de les offrir et ne pas les contaminer, elle les jetait pour que l’on les mange comme des chiens. Nous rassemblions du cuivre, du verre, tout ce que nous pouvions vendre pour avoir de l’argent que nous allions dépenser dans ce monde de consommation.
Plus tard, adolescent, j’ai commencé à travailler à douze, treize ans, d’abord aux champs, puis à l’usine. À 17 ans j’étais déjà maçon et bientôt capable de faire n’importe quel travail. À l’usine j’ai souffert de l’exploitation salariale. J’ai travaillé pour des clous et dans beaucoup d’occasions, je n’étais pas rémunéré, il m’ont simplement baiser. Puis vient le moment de subir le chômage. Jeune et avec l’envie de me faire des amis de mon âge, l’entrepôt m’a captivé. Boire des bières et prendre de la drogue apaisaient mes anxiétés pour un monde meilleur. J’ai eu du mal de rester à ma place, mais l’idée d’un changement m’a maintenu vers mes idéaux et j’ai pu comprendre la réalité qui nous entoure.

J’ai pu sortir du piège que nous tend quotidiennement le pouvoir politique, permettant les drogues et l’alcool pour les jeunes qui laissent toutes leurs inspirations et se convertissent en des victimes faciles du clientélisme. À 22 ans et un long chemin à parcourir, je me suis aventuré à Bariloche et j’ai connu Noelia, qui peu de temps après est devenu ma compagnonne de vie. Nous avons commencer à construire une vie ensemble et penser à une famille qui arrivera bientôt.

Sont arrivés mes enfants Esmeralda et Agustín et j’ai compris la difficulté qu’ont mes parents. Et bien sûr, avec deux enfants et sans travail, chercher tout ce qui est possible pour faire vivre la famille. Puis sont arrivés Eragon et Joselin mes fils cadets. Sans travail, la nécessité de générer des postes s’est faite incessante et je suis devenu un combattant social, aujourd’hui je suis prisonnier pour avoir lutté, dans le pays des droits de l’Homme, pour réclamer ce qui devrait nous être donné de droit, une vie digne. Comme mon père, j’ai subit le déracinement familial et eux de moi, sauf que cette fois durant la « démocratie ». Vivre de nouveau la dictature, c’est ce qui attend les combattants sociaux.

Sans mes enfants, je le vis très mal et je me sens mourir de ne pas être avec eux, tout en sachant leur besoin. La seule chose qui me rassure c’est que Noe est une excellente mère et combattante qui prendra soin d’eux. Je vous aime ma famille. Pour cette raisons, « Monsieur » le gouverneur Weretilneck: Nous ne somme pas des délinquants, mais marginalisés, prisonniers politiques, prisonniers d’une réalité que vous avez aidé à construire et vous le savez. Nous sommes incarcérés sans aucune preuve et pour une raison exagérée. Pour le blocage d’une route en 2011 et l’origine d’un saccage vous nous accusez de vol en bande organisée, avec utilisation d’armes non conventionnelles (pierres), extorsion, violence et atteinte à l’autorité, dommages à la propriété privée…

Liberté pour les 5 prisonniers politiques de Bariloche. Arrêt des tortures psychologiques envers les familles. Arrêt des représailles pour l’obtention d’information. Nous voulons du travail pas des barreaux ! Nous voulons un accès à l’éducation, à la santé, une vie digne ! Pour des enfants le droit à une enfance, pour la justice social, plus de répression et de torture dans les prisons et les rues. Pour une famille unie et digne. Pour l’autogestion. Pour le début de la fin.

Santé et Liberté !!!

José Paredes – combattant social

 

Déclaration traduit par nos soins

 

source : http://presospoliticosbariloche.blogspot.com.ar

[Argentina] Contre la famine et le chômage, déclaration de la FOB

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Nous vivons une réalité angoissante dans les quartiers des différentes provinces et localités, qui chaque fois nous frappe de plus en plus. Les politiciens et hauts fonctionnaires ont augmenté leur salaire de 130 % et nous nous devons subir la croissante inflation et le manque de travail, et comme réponse de l’État face à la faim et le chômage, la répression et l’emprisonnement pour ceux qui exigent une vie digne, comme ce fut le cas pour les piqueter@s1 de la Coopérative du 1er Mai, aujourd’hui détenu.e.s à Bariloche.

Dans le contexte d’une année électorale, le gouvernement national prévoit le «soutien» illimités aux groupes – avec les claires intentions de garder leurs statistiques de vote – Par ailleurs, et avec l’objectif de les délégitimer et les criminaliser, nous nous organisons pour lutter pour nos droits, nous qui travaillons sur les bases de la démocratie directe, la participation, l’autogestion, l’égalité et l’indépendance organisationnelle, nous sommes discriminés et nous n’avons pas la possibilité de travailler dignement pour amener du pain à nos foyers.

À Rosario et le Grand Rosario jamais est arrivé le plan « Argentine Travail »2, ni aucun type de programme de travail digne. Nous nous demandons si sous une décision de l’État, cette région dû subir la principale vague de saccage des dernières années, en décembre passé, et le développement d’un fléau dont souffre l’Argentine : le narcotrafic. Nous sommes l’une des rares organisations qui affronte la situation dans les quartiers, mais chaque jour, en l’absence d’une véritable alternative de travail, les gosses partent chercher un «boulot» au près des narcotrafiquants et la police qui supervisent les activités. D’autant plus que nous, les militants territoriaux, nous avons souffert directement, dans certains quartiers, de l’oppression et malheureusement de l’assassinat, l’an passé, de trois gosses de Villa Moreno et Mecha Ludueña, par les narcos et avec une totale impunité policière.

Nous comprenons, dans ce contexte, la façon dont l’État promeut indirectement ou directement la fuite des gosses envers le travail en coopérative pour basculer vers une mort certaine comme soldats du narcotrafic et de la police.
À Córdoba se sont fait ressentir les terribles conséquences de la dispute électorale de cette année entre le gouvernement provincial et national. Une tension politique qui se répercute sur ceux/celles d’en bas. La politique sociale se résume par le vote, de façon que les pauvres ne soit qu’un pourcentage, pour le gouvernement, dans les urnes. Mais nous sommes des personnes et nous avons des nécessités basiques qui résident non résolues. La situation de précarité que nous vivons est la politique de l’État. L’innocence de l’État est un mensonge. Contre la famine, le gouvernement national offre aux familles, de notre organisation, $80 mensuels alors que le kilo de pain est à $15 . Nos familles sont composées de chômeu.r.s.e.s. qui en général ont plus de 5 enfants.

Dans un même temps, l’État provincial, loin de monter une politique combattant la pauvreté, monte une guerre contre nous, les pauvres. Ils survolent nos maisons avec des hélicoptères, qui nous éclairèrent quand nous marchons dans la rue ou nous scrutent par nos fenêtres. Envoi l’infanterie dans notre quartier et nos maisons.

Quand il nous est donné le peu de miette qui est tombé de la table du gouvernement provincial, il ne peu être dit que leur charité est pas suffisante pour vaincre la famine. Les riches, loin d’avoir moins, ont toujours plus et cela est clair pour ceux qui gouvernent le peuple.

Dans notre organisation, nous résolvons les nécessité les plus urgentes avec ce que l’on peut, quand en réalité, les fonds publics devraient aussi être les nôtres. Nous organisons des pique-nique et des repas.Dans un même temps, nous nous sommes entraînés à différents corps de métiers. Mais nos coopératives ne disposent pas des outils nécessaires pour le nombre croissant de compañer@s, pour lesquels nous exigeons la livraison immédiate de nourriture et des machines de travail.

À Chaco, l’une des provinces les plus pauvres du pays, le gouvernement kirchneriste de Capitanich3 ne tient pas compte des réclamations des organisations qui ne vont pas dans le sens du gouvernement, non pas seulement la Fédération de Base des Organisations, mais aussi les fonctionnaires de base, les enseignants, qui sont réprimés et criminalisés pour le soutien qu’ils apportent aux organismes de lutte. Mais aussi les peuples originels ne sont pas écoutés : alors que le gouvernement pratique le clientélisme à travers ses pointeurs, il ne répond pas aux demandes réitérées de terres pour les habitants des quartiers de Mapic et Tacay. C’est d’autant plus alarmant, à l’intérieur de la province, car de nombreuses personnes sont assassinées par des groupes armés racistes ou décimées par des maladies curables. Pour toutes ces raisons, avec la FOB de Chaco, nous nous mobilisons pour exiger une assistance alimentaire pour les repas que nous organisons dans 4 quartiers des villes de Resistencia et Tirol, en parallèle des travaux d’amélioration de quartier que nous développons comme une forme de lutte contre la faim et le chômage.

Dans la province de Buenos Aires, les conséquences de l’accroissement de la précarisation de la vie, que nous considérons comme une partie de la politique de l’État, ajouté au contexte électoral constituent un an où une fois de plus les nécessités de ceux d’en bas sont une monnaie d’échange pour pouvoir perpétuer un mandat de gestion nationale. Dans les dernières semaines il a été annoncé l’apparition de nouveaux programmes de travail qui rappellent les grandes promesses de 2009″. […]

L’augmentation du coût de la vie, l’inflation et l’augmentation du chômage, le surpeuplement des bidonvilles et leur implantation, l’augmentation des loyers et le manque de politique du logement poussent ceux qui sont les plus démunis aux marges du second ou troisième cordon des banlieues.

Enfin et avec la même intensité que dans le reste des provinces du pays, la croissante criminalisation, les poursuites et procès qu’encourent ceux et celles qui décident de lutter pour leurs droits, démontre que même s’ils s’efforcent de la nier, la politique de l’État à cet égard s’est intensifiée ces dernières années.
La preuve de cette croissante criminalisation est l’élection du secrétaire de la Sécurité, ancien sénateur, Sergio Berni au Ministère de la Sécurité en coordination avec les Ministère du Travail et du Développement Social, où il est déjà vice-ministre, pour « résoudre » les protestations et réclamations sociales. De par leur volonté eux les sœurs Jaras ont été jeté en prison alors qu’elles se défendaient contre un violeur ; les inculpés dans l’affaire Marita Veron4, ont été acquittés, alors que c’est une des situations de traite les plus pragmatique de ces dernières années ; la non-condamnation des responsable de la mort de Mariano Ferreyra, assassiné par des groupes armés à l’aide des syndicats et de l’État, pour avoir lutté pour des meilleures conditions de travail ; l’enferment sans cause valable, ni preuves de 5 militants de la lutte sociale à Bariloche, un des cas les plus exemplaires sur l’invention de causes et de preuves de la part de l’État, qui établissent une relation de force local ou nationale pour continuer à monopoliser avec ou sans consensus social.

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé, membres de la Fédération des Organisations de Base, de sortir dans toutes les rues des villes et régions du pays, ensemble avec ceux et celles qui luttent comme nous pour dénoncer, être visibles et exiger notre droit et garantie à une vie digne et respectée.

Plus de famine et de chômage !!

Plus de répression, de criminalisation et de justice tronquée face à la protestation sociale !!

Nous avons le droit à une vie digne, sans la mendier, en l’exigeant, la réclamant, la conquérant et l’appliquant !!

Vive ceux et celles qui luttent !!!

Federación de Organizaciones de Base (FOB)

 

Déclaration traduite par nos soins

source : http://www.fob.org.ar

1Les piqueter@s ont pour action le blocage d’axes routiers pour que leurs revendications soient entendues.

2Plan mis en place par le ministère de développement social ayant pour but la création d’emplois et l’exécution de travaux au bénéfice de la communauté dans les secteurs les plus en difficultés et favoriser leur insertion par, par exemple, le travail en coopérative.

3Jorge Capitanich est le gouverneur de la province de Chaco, il est membre du parti justicialiste, parti de la présidente argentine Cristina Kirchner.

 4Disparue le 8 février 2012. L’enlèvement à été mis en relation avec un trafic d’êtres humains et de la prostitution forcée.