[Ecuador] Pour un nouveau mouvement syndical et ouvrier

Convocan-Huelga-en-EspañaL’histoire des luttes ouvrières et syndicales en Équateur est, depuis ses débuts, rattachée à de grands personnages et aux actions de la gauche ; actuellement en Équateur, la situation des syndicats n’est pas des meilleures.
Dans les années 1990 et dans la première décennie du XXIème siècle, les syndicats n’ont pas pu fuir le jeu du néolibéralisme et sa politique unilatérale du capital, ils sont tombés dans une lutte salariale et de revendication particulière, dans laquelle le plus important était de faire du profit (économique ou des bénéfices) ou une flexibilité quant à la journée de travail (moins d’heures de travail), sans s’inquiéter de comment et à quel prix, ainsi beaucoup de directions syndicales se sont laissées acheter par l’appât du gain et la corruption.
Cette réalité a été vécue autant dans les secteurs privés que publics, dans lesquels se sont formés l’appel des bureaucraties dorées, qui avec de merveilleux « contrats collectifs » réussissent à « faire sortir » à l’État quelques bénéfices « excentriques » ; pour citer : la construction de complexes sportifs et récréatifs publics mais fermés au public en général, accessibles uniquement par le syndicat.
De cette manière le néolibéralisme eu « la porte ouverte » pour implanter ses mesures économiques et salariales, comme la précarisation du travail par le biais de la tertiarisation de l’économie, un bas taux de salaire minimum et non reconnu par tous les secteurs, la croissance du secteur informel et le chômage, la privatisation du secteur public, l’abrogation des conventions collectives, la négociation des emplois du secteur public, et toutes autres conséquences connues des politiques néolibérales.
Durant les dernières années, l’Équateur a connu de nombreuses avancées dans le secteur du travail comme : la reconnaissance du travail en tant que droit, l’élimination de la tertiarisation, la garantie de la négociation collective, le recrutement obligatoire de personnes handicapées, et l’augmentation du salaire minimum pour toutes les professions reconnues (même celle des domestiques), la sécurité sociale obligatoire, l’accord de congés de maternité et de paternité, l’augmentation de durée de congés pour les mères qui allaitent (2 heures par jour, soit neuf mois après le congé de maternité), la création de sites d’emploi, entre autres.
Ces victoires salariales ne se sont pas obtenues par une quelconque pression ou la mise en place d’actions directes de la part des syndicats ou des associations ouvrières d’Équateur, mais elles furent le résultat de l’Assemblée Constituante de 2008 et, en partie, du gouvernement de Rafael Correa.
Apparemment, ces victoires du secteur du travail, obtenues par action des autres, ont immobilisé le secteur syndical et ouvrier équatorien ; durant le mandat de Rafael Correa, les grands syndicats et les associations ouvrières ont été démantelées et certains ont même disparu de part leur politisation excessive et leur instrumentalisation, à la fois du gouvernement, comme des partis politiques d’opposition, d’autres parce qu’ils ont perdu leur raison d’être, par la façon dont ils maintenaient leurs luttes. Alors il a été créé des syndicats publics, sur les secteurs de la santé publique et de l’éducation, qui se sont révélés insuffisants pour relancer les travailleuses et travailleurs du pays, et ont également été utilisés par le gouvernement pour légitimer la restructuration d’une partie de la bureaucratie du pays.
Avoir un gouvernement progressiste, appelé « favorable aux travailleurs » dans un discours, ne veut pas dire que les secteurs syndicaux et ouvriers du pays doivent s’immobiliser ou disparaître parce qu’ils ont réussi à améliorer les conditions salariales ; il sera toujours indispensable qu’un mouvement ouvrier organisé et politisé défende les avancées obtenues et lutte pour en obtenir d’autres.
Il est évident que la création de lois favorables pour les conditions de travail améliore la situation salariale, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont une fin en soi, il continue d’exister des formes de précarisation salariale, de violation de dispositions légales, de la surexploitation, une instabilité du travail, et cela même dans le secteur public, des taux élevés de sous emplois et un chômage considérable ; c’est à dire que les travailleuses et travailleurs équatorien.ne.s ont besoin d’une organisation qui lutte pour l’accomplissement de leurs droits.
Ainsi, il existera la meilleure des situations salariales possible, les mouvements syndicaux et ouvriers doivent être organisés pour être leviers d’amélioration de la société ; en Équateur, les syndicats et associations ouvrières doivent être les acteurs principaux de la radicalisation appelée « Révolution Citoyenne ».
Nous ne pouvons pas répéter ce qu’il s’est déroulé en Europe, où durant des années le mouvement syndical fut offert et quasiment oublié, jusqu’à ce que la grande majorité se sente assaillie par le néolibéralisme et que des millions de personnes furent affectées et  sans emploi, il fallu alors recourir à une mobilisation sociale massive pour tenter de contrer l’ajustement structurel et la crise elle-même.
Le mouvement ouvrier doit être dans une constante mobilisation, à la fois physiquement, mais aussi dans ses idées, la lutte ouvrière et syndicale ne peut s’écarter des autres luttes sociales : indigènes, étudiantes, écologistes, féministes, paysannes et doit participer aux événements politiques et aux prises de décisions vis à vis du pays.
Pour cela, cette brève réflexion – à mois d’un mois avant le 1er Mai – cherche à favoriser la consolidation d’un nouveau mouvement syndical et ouvrier, qui ne tombe pas dans les anciennes pratiques et l’instrumentalisation politique de n’importe quel secteur, d’un mouvement ouvrier organisé qui défend un projet politique, solidaire avec d’autres luttes et surtout qui se bat pour la classe ouvrière.

Article publié par Marco Ambrosi de la Cadena, de Rebelión, sous licence Creative Commons. Traduit par nos soins.

Source : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=165795

[Chile] Verdad y Castigo por Juan Pablo Jiménez

Juan-Pablo-Jiménez-3


Le 22 février dernier, Juan Pablo Jiménez, dirigeant syndical de la AZETA, une entreprise sous-traitante de CHILECTA, spécialisée dans l’ingénierie électrique, fut tué d’une balle dans la tête.

Le syndicaliste, également investit dans la Fédération des Travailleurs, devait alors témoigner, dans divers tribunaux et à la Direction du Travail, des abus commis par son entreprise.

Après avoir témoigné, Juan Pablo s’assit pour feuilleter un document syndical. Il fut retrouvé quelques minutes plus tard (à 15h56) mort. Ce fut son collègue, Mario Gutiérrez, qui retrouva le corps inerte du syndicaliste, baignant dans une flaque de sang. Une caméra de surveillance aurait enregistré la scène de meurtre.

Juan Pablo Jiménez a mené un long et difficile processus de négociation collective qui rencontra son apogée en décembre 2012. Son syndicat vota des grèves au sein de l’entreprise AZETA ce qui déplu fortement à la société car selon l’article 369 du Code du Travail, les négociations auraient pu se prolonger encore un an.

Le syndicaliste avait également, entre autres, déjà déposé de nombreuses plaintes contre AZETA pour abus et conditions de sécurité déplorables. En effet, en juin 2012, un des employés, Richard Trincado, avait péri électrocuté au sein de l’entreprise.

Suite à l’assassinat de Juan Pablo, de nombreux ouvriers ont demandé au gouvernement de répliquer de la même manière que pour le cas de la famille Luchsinger.

Des membres de cette famille, propriétaires terriens, furent assassinés à Temuco. L’état chilien mobilisa alors de nombreuses institutions et déployèrent un maximum de moyens pour rechercher les responsables. En moins de 48 heures, la police avait placé en détention des dirigeants mapuches, leur imputant, sans avoir aucune preuve contre eux, la responsabilité du crime commis.

Cette demande légitime se veut également revendicatrice des actes commis par la justice. Une justice qui n’apparaît pas au Chili comme étant égalitaire. Les opprimés restent opprimés et les dominants continuent à dominer.

C’est ici, un exemple flagrant d’un esprit conservateur s’étant construit autour de concepts colonialistes et rappelant quelque peu l’esprit dictatorial du régime Pinochet avec son ambition de chasse aux sorcières ou plutôt de chasse au “gauchiste”. D’autant plus, que dans le cas présent, il s’agit du second décès d’employé de AZETA en moins d’un an, et qui plus est d’un assassinat ciblé envers un syndicaliste trop défenseur du droit des travailleurs.

L’État de droit” au Chili est appliqué et est toujours utilisé par les classes puissantes. Les gouvernements de Frei et Lagos ont toujours eu un intérêt pour ce privilège qui permet aux “Puissants” chiliens une stabilité dans le pouvoir qu’ils exercent. Il permet d’avoir ce que l’on mérite, selon ces derniers. Cette conception capitaliste permet aux riches d’avoir une sécurité juridique, économique et policière pour maintenir leurs richesses. Pour les pauvres, c’est tout autre chose, une répression et de lourdes peines afin qu’ils ne se soulèvent pas pour demander justice et de meilleurs salaires.

N’allant pas sans rappeler la loi du “Point Final”, mise en place par le Président argentin Menem dans les années 90, permettant l’impunité des responsables de la dictature, cet “État de droit” ou “Raison d’État” a permis par le passé la non condamnation du fils de Pinochet. De la même manière, le passé du dénommé Horst Paulmann fut ignoré lors de sa nationalisation. Ce nazi a pu l’obtenir “grâce à son immense contribution envers le Chili”. Mais Paulmann a pour grand loisir la destruction de syndicats, de pratiques sociales allant à l’encontre de ses convictions et se soustraire au paiement de ses impôts. Il est vrai que ce nostalgique du IIIème Reich mérite effectivement un traitement de faveur aux vues de ses convictions et pratiques !

Au Chili, les lois sur le travail sont conçues selon le point de vue des patrons et ne s’adaptent pas aux employés. Les lois concernant la sous-traitance permettent à des entreprises comme AZETA, de répondre aux mêmes stratégies que les multinationales pour baisser le coût de production, en précarisant les emplois et baissant au maximum les salaires.

Les religions, en particulier la religion catholique, ne cesse de marteler les cerveaux de ses ouailles, sous la propagande : « Nous sommes tous égaux, tous les enfants chéris de Dieu ».

Mais comment est-il possible en toute connaissance de cause de revendiquer de tels propos ?

Les démunis ne sont pas dupes, malheureusement la terreur que continue à diffuser l’État chilien garde des allures de régime totalitaire.

Quand serons-nous débarrassés du colonialisme ? Les méthodes occidentales cesseront-elles d’opérer après des années d’asservissement des populations ? Les piliers du gouvernement sont-ils trop infectés pour y reconstruire un modèle social juste, sain et égalitaire ? Faut-il tout briser ? Ou peut être… Une Révolution doit-elle se mettre en marche ?

Autant de questions rhétoriques qui ne laissent alors aucun doute possible

Sources : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=165108 http://www.anarkismo.net/article/24969