[Argentina] Le 24 mars 1976, la guerre d’Algérie bis

videla justicia

Le 24 mars 1976, trois ans après le retour de Juan Domingo Perón et un an après sa mort, une nouvelle fait de nouveau tressaillir les argentins, un coup d’état vient d’avoir lieu. Le premier communiqué de la junte militaire sera celui-ci :

«  Nous communiquons à la population que, à partir de cette date, le pays est sous le contrôle opérationnel de la Junte des Commandants Généraux des Forces Armées. Il est recommandé à tous les habitants le respect strict des dispositions et directives émanant des autorités militaires, de sécurité ou policières, et une attention extrême afin d’éviter toutes actions et attitudes individuelles ou de groupe qui pourraient exiger une intervention drastique du personnel des opérations. Signé : Général Jorge Rafael Videla, Amiral Emilio Eduardo Massera et Brigadier Orlando Ramón Agosti. »

À cette date, et pour les sept ans à venir, les argentins connurent une guerre sale ayant laissée derrière elle 30 000 disparus. Le Processus de Réorganisation Nationale était appliqué sans pitié pour « vaincre la subversion » allant jusqu’à s’attaquer à des enfants.1

L’installation de cette junte et son fonctionnement sont le résultat d’une implication mondiale. Bien entendu, La Doctrine de Sécurité Nationale, créée par le président nord-américain Harry Truman, en 1947 à la suite de la Guerre Froide, « justifiait pleinement » la présence des États-Unis ; car comme cette dernière spécifiait l’empire américain devaient intervenir militairement dans les pays perturbés par l’avancée communiste, car ils constituaient une agression à la sécurité nationale. Les pays latino-américains durent adhérer à cette doctrine afin de ne pas compromettre leur amitié avec les États-Unis qui jugeaient leur neutralité comme immorale.

Mais, ce ne furent pas les seuls marionnettistes, d’autres plus discrets et moins habitués à agir sur le continent américain aidèrent allègrement la junte à se mettre en place. Les premiers actes d’application de la doctrine étasunienne fut la création au Brésil à l’aube de l’avènement du dictateur Castelo Branco, du service national d’information et l’ouverture de l’École Militaire des Amériques.

L’institution forma jusqu’en 2001 plus de 61 000 militaires en technique de contre-guérilla, tortures et interrogatoires. Parmi les élèves, le nicaraguayen Roberto D’Aubuisson, les panaméens Manuel Noriega et Omar Torrijos, le bolivien Hugo Banzer, le péruvien Vladimiro Montesinos, les généraux argentins Roberto Marcelo Levingston, Leopoldo Galtieri, l’amiral Emilio Eduardo Massera ou encore les officiers d’Augusto Pinochet.

Les méthodes de torture y ont été enseignées par des militaires français, vétérans des guerres d’Indochine et d’Algérie, comme Paul Aussaresses et Roger Trinquier. Le théologien Joseph Comblin affirmera et confirmera le rôle majeurs de ces serviteurs de l’hexagone :

« En Argentine, la stratégie de la guerre contre-révolutionnaire est venue directement de France. C’est pourquoi l’armée argentine a adopté la théorie du front interne et des frontières idéologiques, ainsi que la pratique de la guerre contre la subversion, avant même que les Américains ne l’aient mise au point. Dès 1959, tout cela fait partie de la doctrine militaire argentine : d’une certaine façon, la doctrine américaine de la sécurité nationale n’était plus nécessaire, parce qu’on avait déjà son équivalent importé de France. Mais par ailleurs, cette importation française constituait une excellente introduction : les mentalités étaient déjà prêtes. »2

Les élèves de l’École Militaire des Amériques s’applique depuis à reproduire un schéma stratégique similaire à la guerre d’Algérie : La quadrillage du territoire, les méthodes interrogatoires psychologiques et physiques (en argentine la gégène est appelée la picana), les vols de la mort (ou Crevettes Bigeard en Algérie, le détenu est sédaté et jeté vivant hors d’hélicoptère ou avion se situant à plusieurs kilomètres au dessus de la mer), l’élimination des réseaux subversifs, …

Néanmoins, les premières applications de la doctrine française en Argentine peuvent être remarquée dès 1957 avec l’arrivée du général Robert Bentresque, recruté par l’État-major argentin avec le soutien de l’ambassade française. Précédé par les colonels Patruce de Naurois et Pierre Badie, ils réaliseront ensemble un travail de préparation idéologique à la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire auprès de cadres de l’armée.

En pleine guerre d’Algérie, les français expérimentent alors de nouvelles méthodes visant à la destruction de tout subversifs menaçant le bon déroulement du conflit et sa victoire, puis les transmettent aux demandeurs du continent américain.

Les commandos Delta en Algérie furent les premiers initiateurs de ces nouvelle méthodes d’extermination (un commando séquestre la personne visée a son domicile. Cette dernière est assassinée directement ou enlevée pour être torturée, interrogée puis liquidée. Son corps sera déposé quelques jours plus tard sur un terrain vague). Cet enseignement formera les futurs escadrons de la mort argentins par le biais du film La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo qui expose la lutte pour le contrôle de la Casbah entre militants du FLN et les parachutistes français. Comble de l’ironie, ce témoignage cinématographique se voulait critique envers le gouvernement français et s’est d’ailleurs vu interdit dans l’hexagone.

À la suite de la guerre d’Algérie de nombreux acteurs français accusés pour crime contre l’humanité se sont exilés au Chili et en Argentine. Aujourd’hui date funeste d’anniversaire de ce coup d’État, continuons à combattre les systèmes fascistes, les responsable de ces derniers sans oublier les acteurs dans l’ombre. L’histoire française occulte généralement volontiers certaines pages… Les guerres d’Indochine et d’Algérie encore taboues, la collaboration avec les nord et sud-américains pour la diffusion massive de leur doctrine. La doctrine française, ouvrage de Trinquier partant de constatation en Indochine puis mis en application prototype en Algérie, est sûrement la stratégie de guerre la plus utilisée au monde aujourd’hui.

N’oublions pas l’implication du gouvernement français, n’oublions pas les horreurs commises !!!

N’oublions pas le système répressif des argentins sur leur population !!!

sources :

COMBLIN Joseph, Le pouvoir militaire en Amérique latine, Ed. Delarge, Paris, 1977, 242 p.

ROBIN Marie-Monique, Escadrons de la mort, l’École française, La Découverte, Paris, 2004, 453 p.

1Voir article İ Nunca más la noche de los lápices !

2 COMBLIN Joseph, Le pouvoir militaire en Amérique latine, Ed. Delarge, Paris, 1977, p.146.

[Argentina] ¿ Nunca Más ? Ce qu’en pense la nouvelle coqueluche du Vatican…

Alors que le Vatican se réjouit de l’élection de son nouveau dirigeant, le monde entier (ou presque) s’interroge non pas sur l’utilité d’un tout puissant pantin religieux, mais sur son passé. Tout comme Benoît XVI fut accusé d’avoir été le fruit des jeunesses hitlériennes, François Ier, lui, d’avoir collaboré pendant la dictature argentine au vol de bébés des disparu.e.s.

De là s’en suit, bien-entendu, un débat entre les pro et les anti, les spécialistes et les prix Nobel, entre autres.

Certes, il ne faut sûrement pas laisser un fasciste être au pouvoir… Mais au pouvoir de quoi ? Au pouvoir d’une institution qui sans aucun doute est le miroir même de la haine, l’endoctrinement violent, la terreur, la cause des plus grands génocides de tous les temps….

Bref la peste !

Alors à quoi bon ? A quoi bon s’étonner ? A quoi bon polémiquer sur la légitimité du rang ?

Un fasciste à sa place ! Ce n’est que là l’ordre des choses après tout !

Peut-être faudrait-il se remémorer les atroces événements qui ont mené au vol des enfants pendant la dictature argentine et le rôle du clergé en général…

L’Église argentine durant la dictature a souvent collaboré avec les militaires, certains de ses membres ont également été livré par elle-même à des centres de détention clandestins, en particulier ceux qui œuvraient dans les villas miserias1.

De nature conservatrice l’institution religieuse argentine n’a jamais entrepris un quelconque travail de mémoire concernant cette époque, elle ne s’est jamais repentie non plus du rôle que ses membres ont joué sous le régime totalitaire.

L’affaire des bébés volés, et le travail que fournissent las abuelas de la Plaza de Mayo, est loin d’être achevé.

Lors de l’enlèvement des «subversifs» durant la dernière dictature (1976-1983), certaines femmes étaient enceintes et durent donner la vie dans les camps de concentration.

Les nouveaux nés restaient généralement une quinzaine de jour auprès de leur mère avant d’être adoptés par des familles de militaires. Le régime totalitaire considérait que la subversion était héréditaire et donc qu’elle se transmettait par lien familial. Suivant ce raisonnement, les fils de captifs devaient alors, pour pallier à cela, perdre intégralement leur identité.

Las abuelas ont entamés un long processus de recherche de ces bébés volés. Aujourd’hui plus d’une centaine de cas ont été résolu, grâce à la banque de données génétiques. Les recherches s’effectuent à l’aide de leur ADN en comparaison avec celle des potentiels enfants enlevés. Les résultats de filiation par lien dit d »abuelidad »2 sont possible aujourd’hui à 99,99 %. Malheureusement les enquêtes ne sont pas toujours aussi simples et il reste énormément de cas non-résolu, on estime a 500, le nombre de bébés volés.

Alors, faut-il polémiquer sur un rapport direct ou indirect d’implication de Bergoglio, ou faut-il faire face à l’ennemi commun qu’est la religion, son endoctrinement et sa participation active auprès de régimes totalitaires ?

Aucun Homme est inconscient des actes de son institution lorsqu’il occupe une telle place. Occuper cette place, c’est cautionner… Surtout lorsqu’il s’agit du rôle voulant perpétuer traditionnellement l’endoctrinement mondial.

1 Bidonvilles de Buenos Aires

2 Nom donné de par les recherches menées par las abuelas (grand-mères)