[Argentina] ¿ y Julio ?

Le 18 septembre 2006, après trente ans d’impunité pour les responsables de la dictature militaire argentine, Jorge Julio López est appelé comme témoin au procès de Miguel Etchecolatz.

Le témoignage qu’apportera Julio permettra d’inculper 62 militaires et policiers mais aussi Miguel Etchecolatz à une condamnation à perpétuité pour crimes contre l’humanité.

Rapellons que Julio avait été une victime de cette dictature (1976-1983) qui enfermait dans des centres de détentions clandestins ses « opposants ». Au total 30 000 personnes portées disparues, tortutées et tuées dans ces camps de la mort.

Julio, lui, a été séquestré illégalement le 21 octobre 1976 et remis en liberté le 25 juin 1979. 

Durant ces années là, Miguel Etchecolatz était directeur des enquêtes de la province de Buenos Aires, en charge de centres de détention mais il était aussi le bras droit du Général Ramón Camps.

Ce dernier dirigait la Police de la province de Buenos Aires. Il fut l’un des principaux bourreaux antisémites de la dictature (en particulier lors de l’arrestation de Jacobo Timerman) et le responsable de rafles comme La Noche de los Lápices (voir article précédent).

Depuis le 18 septembre 2006, les hypothèses quant à la disparition de Julio sont nombreuses mais aucune n’a pu être démontrée. 

Le 8 janvier 2007, la députée Nora Ginzburg a présenté un projet de loi spécifiant dans son premier article la création d’ : « une commission bicamérale spéciale destinée à maintenir informé le Congrès de la Nation du déroulement de l’enquête concernant l’enlèvement de Monsieur Jorge Julio López”.

Ce projet n’avançant pas, elle présenta le 15 février de la même année, un autre projet visant à commander un rapport dirigé par le Pouvoir Executif en place (A savoir le gouvernement de Néstor Kirchner). Cette proposition avorta elle aussi.

Nora Ginzburg insista, le 27 février, auprès de la Chambre des Députés pour la mise en place de son premier projet. Le président de la Chambre, Alberto Ballestrini, refusa sa demande. L’ensemble du Pouvoir Executif finit par voter la proposition. Elle fut rejetée 118 voix contre 47 (Tous les députés du Frente para la Victoria et du Peronismo Federal votèrent contre).

Dimanche dernier, à deux jours du funeste anniversaire de la disparition de son père, Rubén López à accepter de répondre à une interview dans le journal argentin La Nación : “ Après six ans nous n’avons rien, ni une preuve, ni un suspect, seulement une lutte et de l’impuissance, ce sont six ans sans réponses de la part de la justice, six ans que nous ne savons rien de rien”.

Il continuera par faire part des “initiatives” prises par les autorités : “En six ans la justice ne nous a donné aucune réponse. L’autre jour, ils m’ont sorti que des moyens avaient été mis place pour surveiller les appels téléphoniques passés de 50 000 portables depuis le 18 septembre 2006. En réalité, cela fait deux ans qu’ils changent de discours : d’abord ils ont attrapé un policier, après un autre policier mais celui là était des fédéraux, maintenant, je sais pas ce qu’il se passe mais ils ne nous disent plus rien […] Aujourd’hui, ils parlent d’analyser les appels passés le premier jour. Ca paraît un peu incroyale, mais bon, c’est ce qu’il se passe”.

Puis quand le journaliste lui parle du gouvernement Kirchner, il répond : “ Dans un premier temps, nous avons eu une réunion avec Néstor Kirchner quand il était président, et il paraissait se sentir concerné. En plus, il avait dit publiquement que “le camarade López avait été enlevé par les mêmes que l’on connaissait”. A ce moment, nous avons senti que le gouvernement était du côté de notre famille. Puis, nous sommes revenu le voir et je lui ai demandé si la promesse qu’il nous avait faites à la première réunion, d’éclaircir l’affaire et de continuer de soutenir la famille, serait respectée de la même manière par la présidente de la nation (ndt : à savoir que l’actuelle présidente est Cristina Kirchner, l’épouse de Néstor Kirchner), et il m’a dit que oui.”.

Mais la réalité est plus dure que les douces paroles du gouvernement. Aujourd’hui personne ne fait rien et Cristina Kirchner n’a aucune fois mentionné cette affaire publiquement. Les proches sont désemparés et alors que la soit-disante volonté du gouvernement est de rendre justice aux victimes de la junte, rien n’est fait, rien n’est assumé !

la dictature est encore belle et bien présente !