[Argentina] İ Nunca más la noche de los lápices !

 

Le 24 mars 1976, Isabel Perón et son gouvernement sont renversés par un putsch organisé par les forces militaires argentines. Le général Videla décide alors d’appliquer les premières mesures du Processus de Réorganisation Nationale, objectif du nouveau gouvernement.

Ainsi, sont appliquées : la suppression des activités politiques, la suppression des droits des travailleurs, le contrôle des syndicats, dont la CGT (contrôle qui aboutira à leur dissolution), l’interdiction des grèves, la dissolution du Congrès et des partis politiques, la destitution de la Cour Suprême de Justice de la Nation, la fermeture de certains lieux de réunions nocturne (bars, discothèques,…), l’interdiction de diffusion de certains livres et publications et enfin la censure de la presse.

D’après le Processus, ce serait dans la jeunesse que résiderait tout le potentiel d’une nation. De ce fait, il leur paraissait impératif d’éduquer ce qui deviendra l’élite. Pour ce faire s’en sont suivi de nouvelles réformes vis à vis des établissements secondaires et universitaires.

Cependant, dans les années 70, de nombreux jeunes furent sensibilisés à des questions politiques, généralement d’extrême gauche. Ce qui poussa la junte à mettre en place une surveillance accrue de cette partie de la population, la privant de liberté.

Certains jeunes choisirent le chemin de la guérilla pour se rebeller contre le pouvoir en place. Ces derniers ne furent pas épargnés par le terrorisme de l’État argentin qui, parmi les disparus séquestrés dans des centres de détention clandestins, comptait 70% de jeunes entre 16 et 30 ans.

Près de 250 adolescents, entre 13 et 18 ans, disparurent durant la dernière dictature militaire argentine.

La plus grande opération « rafle » se déroula il y a tout juste 36 ans, le 16 septembre 1976 entre minuit et cinq heures du matin, et est connue sous le nom de « la noche de los lápices ». Au total dix adolescents furent séquestrés cette nuit là.

Parmi les adolescents militants se trouvaient Francisco López Muntaner et María Claudia Falcone tous deux âgés de 15 ans et étudiants au lycée des Beaux Arts de La Plata; Claudio de Acha et Horacio Ángel Úngaro âgés de 16 ans; Daniel Aberto Racero, María Clara Ciocchini et Pablo Alejandro Díaz âgés de 17 ans, qui lui fut séquestré le 21 septembre et sera l’unique survivant à cette rafle.

Tous appartenaient, à l’exception de Pablo qui militait chez les guévaristes, à l’UES (Unión de Estudiantes Secundarios: Union des Étudiants du Secondaire. Mouvement syndical péroniste) développant les mêmes intérêts politiques mais aussi exerçant les mêmes actions militantes comme l’enseignement de l’écriture et de la lecture dans les bidonvilles.

Ainsi, ils sont portés disparus depuis cette nuit où ils furent incarcérés puis transférés dans les centres de détentions Arana, Pozo de Bánfield, Pozo de Quilmes, Jefatura de Policía de la Provincia de Buenos Aires et les commissariats 5°, 8° et 9° de La Plata et le 3° de Valentín Alsina de Lanús et le Polígono de Tiro de Buenos Aires.

Ces adolescents y étaient traités comme des adultes, sans traitement de faveur. Ils subirent les mêmes tortures, humiliations et abus sexuels.

Hier, leur mémoire a été célébrée dans diverses villes argentines. Malheureusement, cette commémoration a été encore une fois récupérée par les médias et la politique afin de faire passer une nouvelle loi (droit de vote à partir de 16 ans). Qu’importe la nécessité de celle ci, un événement et une commémoration ne devraient en aucun cas être utilisés à des fins intéressées !

Un seul refrain devrait être scandé en chœur : «  İ Nunca más ! »